A Ouled Chebel, une commune située à la limite entre la wilaya d'Alger et celle de Blida, les jeunes sont livrés à eux-mêmes. Aucun établissement dédié aux activités de loisirs éducatifs n'a été construit dans cette localité rurale. «Notre localité a été promue commune en 1984. Mais elle n'a bénéficié d'aucun projet pour la prise en charge de sa jeunesse dans le domaine des loisirs éducatifs et culturels», déplorent des jeunes habitants du quartier de la gare. Hormis une petite salle qui manque d'ailleurs de personnel et de moyens, la localité semble avoir été court-circuitée par ce genre de projets. «Ce petit établissement qui se trouve au chef-lieu de la commune ne peut à lui seul répondre aux besoins des jeunes de la localité. Il faut que les pouvoirs publics construisent d'autres structures qui pourront offrir aux jeunes un cadre pour la pratique d'activités artistiques et culturelles», ajoutent-ils. Il faut signaler que dans la commune d'Ouled Chebel, qui est à caractère rural, la population n'est pas concentrée sur un seul espace comme dans les agglomérations à forte densité de population, au contraire la commune a une particularité, sa population est éparpillée sur toute son étendue. «Notre commune compte nombre de quartiers et de lotissements qui s'étendent sur une grande superficie, d'où la nécessité de revoir les plans de développement urbain. Il est impératif de doter ces nouveaux quartiers et lotissements d'établissements pour la prise en charge de la tranche juvénile», suggère-t-on. En attendant que ces vœux soient exaucés, les jeunes d'Ouled Chebel continuent de subir les méfaits de l'oisiveté. «Nous passons la majeure partie de notre temps libre dans les cafés. Il n'y a même pas de cybercafés. Le seul établissement qui offre ce genre de prestation est pourvu d'une connexion de faible débit, et qui plus est s'interrompt la majeure partie du temps», nous affirme-t-on. Des quartiers en ville mais délaissés D'autres localités de la capitale connaissent ces mêmes manques en matière de structures de jeunesse, bien que se trouvant dans des communes nanties et qui sont loin d'être isolées. La cité PLM, dans la commune de Bourouba, illustre parfaitement ce manque total de prise en charge de ces jeunes, qui sont livrés aux méandres de la rue et de ses dangers. Les jeunes de cette cité populaire aux allures tentaculaires passent le plus clair de leur temps dans les cafés et les «dlalas» (espaces commerciaux informels). «Notre quartier est dépourvu de ce genre d'établissements. Les jeunes qui ont du talent dans le domaine de la musique, du théâtre ou encore des arts plastiques doivent se rendre dans les communes voisines, car à la cité PLM il n'y a que les cafés et les dlallas pour les accueillir», dira un jeune de la cité. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette situation semble obéir à un raisonnement illogique. Plus les quartiers sont nantis de structures de loisirs et culturels, plus les pouvoirs publics les investissent d'intérêts et d'attentions, alors que plus les quartiers sont défavorisés, plus ils sont ignorés et marginalisés. A la cité PLM, il n'y a ni centre culturel ni maison de jeunes, encore moins de salle de sport. «Nous avons tellement eu d'échecs dans nos démarches pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur la nécessité de doter notre quartier d'une maison de jeunes que nous avons fini par baisser les bras. Nous n'attendons plus rien des responsables et des élus locaux qui ne pensent qu'à leurs propres intérêts. Quant aux jeunes que nous sommes, nous pouvons toujours attendre», poursuit-il. A quelques encablures de la cité PLM, des quartiers connaissent également la même situation, à l'instar de la cité Diar El Afia, Diar Djemaâ, la cité L'engrais, la Faïence, la cité d'Urgence et Dessolier. Toutes ces cités se situent sur la rive droite de l'oued El Harrach, elles sont comme accrochées au flanc d'une montagne abrupte et escarpée. De la gare ferroviaire d'El Harrach jusqu'au houch Hadda dans la commune de Bachdjarrah, ces quartiers populaires déshérités ont une très forte population de jeunes de moins de trente ans, mais qui sont complètement marginalisés. Les pouvoirs publics doivent porter plus d'intérêt à cette force vive des quartiers dits populaires qui sont complètement délaissés.