Le président du rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, a formulé, ce vendredi à Alger, des critiques acerbes contre le président Abdelaziz Bouteflika et son projet de révision constitutionnelle. Ce projet de révision soumis aux partis politiques « confirme le manque de sérieux de la démarche et l'inconsistance des amendements proposés. Aucun problème fondamental n'a été abordé », a estimé Belabbas dans un discours prononcé devant les membres du Conseil national de son parti. Il a cité en ce sens, le passage à la séparation des pouvoirs, la réforme territoriale, l'officialisation de langue amazigh, « ignorés » par la nouvelle mouture de la Constitution. « Ce sont les mêmes acteurs responsables du viol de la constitution en 2008 qui avaient présenté la levée de la limitation des mandats comme une grande avancée démocratique », a encore relevé le président du RCD.
Pour lui, le lancement de ce projet de révision constitutionnelle a un lien direct avec les résultats de la dernière élection présidentielle, marquée par une forte abstention. « Le chef de l'Etat, au courant du taux de participation réel de 17% et conscient de son illégitimité, tente de s'acheter une crédibilité en lançant des initiatives désespérées », a déclaré Mohcine Belabbas. « Les échecs se multiplient » pour le pouvoir en place. Les consultations autour d'une révision consensuelle de la constitution « ont essuyé un cinglant rejet de l'opposition » et « le gouvernement d'union national voulu au départ a fait place à un gouvernement de pacotille », dit-il. L'orateur a souligné, par ailleurs, que la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) qui regroupe des partis laïcs et islamistes, « est vécue comme un danger immédiat pour le système ». Cette coordination, selon lui, « fait écho au principe de la Soummam qui a rassemblé le pays sur le minimum qui peut libérer le peuple d'un ordre politique inique. Hier c'était le colonialisme aujourd'hui c'est l'arbitraire militaro-tribal ». ». La conférence nationale qui se tiendra le 7 juin prochain à l'initiative de la CLTD « est ouverte à tout acteur acquis à la perspective d'une transition démocratique », a indiqué Belabbas.