La Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) a rendu public, hier, un projet de plateforme issu de la première conférence pour les libertés et la transition démocratique. Ce projet de plateforme s'adresse à tous les Algériens et tient lieu «d'offre de dialogue» pour les parties devant y prendre part en vue de l'élaboration d'un «pacte pour accompagner et encadrer la période de transition jusqu'à l'établissement d'institutions démocratiques». Tout en alertant que l'Algérie «traverse une crise grave et complexe», le projet de la CLTD note qu'une solution est possible dans «la rupture effective avec les méthodes du système». La CLTD émet comme «seule condition» à l'offre de dialogue qu'elle soumet aux forces politiques, dont le pouvoir, «l'égalité absolue entre toutes les parties qui s'engagent au même titre et sont soumises aux mêmes règles adoptées consensuellement». Ladite plateforme a sérié les multiples facettes de la crise en Algérie et cite, entre autres points, l'absence de démocratie participative dans la gouvernance et la gestion des affaires publiques. Le non-respect des principes d'équité et de justice, l'inexistence de conditions constitutionnelles et juridiques pour l'organisation d'élections libres, l'inexistence de mécanismes et d'instances de contrôle des actes du pouvoir, la généralisation de la corruption instrumentalisée comme mode de pérennisation du système et troubles géopolitiques aux plans régional et mondial avec des effets négatifs sur le pays. «Ce sont autant de signaux qui prouvent que l'Etat algérien se convertit inexorablement d'un Etat défaillant à un Etat incohérent avant de s'abîmer dans une situation de non-Etat», indique le document de la CLTD. Et de noter que «la Conférence nationale a pour vocation de définir et énoncer les cadres, les méthodes et les règles qui doivent prévaloir pendant la période de transition». Une transition qui doit s'appuyer sur huit règles et principes, selon la CLTD. Il s'agit d'abord d'énoncer le document d'adoption de la déclaration du 1er Novembre 1954 comme cadre de référence de l'Etat algérien avec le respect des éléments fondamentaux de son identité et de ses valeurs. En second lieu, le respect du caractère républicain de l'Etat algérien et la préservation de l'unité nationale et l'harmonie sociale. Autres règles : l'exclusion de toute forme de violence dans la pratique politique, l'adoption des principes de consensus et de dialogue comme repères intangibles pour la concrétisation de la transition démocratique, en sus de l'adoption de la méthodologie scientifique et le rejet de toute forme d'ingérence étrangère. Et de noter : «La prévalence d'un régime politique civil et soustraire l'institution militaire et sécuritaire des enjeux et pressions politiques pour se consacrer à ses missions constitutionnelles de défense de l'unité nationale et de son intégrité territoriale.» Le dialogue auquel il est fait appel par cette plateforme se trace comme principaux objectifs la consécration «d'une démocratie effective, du principe de la citoyenneté et de l'égalité devant la loi, d'un Etat de droit et le principe de la séparation des pouvoirs», en sus du rejet de toute forme de monopole politique, économique, médiatique, syndical ou culturel. Des «mécanismes pour la transition» sont à mettre en œuvre, précise en outre le même document, dont «un gouvernement de transition démocratique consensuel qui veillera à la concrétisation de la transition démocratique, la gestion des affaires courantes et l'instauration de la paix sociale». Il s'agira également de désigner une autorité indépendante et permanente pour l'organisation, la surveillance et la conduite des élections. La CLTD préconise aussi l'élaboration d'une «Constitution consensuelle entre les principaux acteurs politiques pour parachever la transition démocratique».