Après des mois de consultations, la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) a dévoilé, hier, la nouvelle plateforme qui servira de base à toute l'opposition algérienne inscrite dans cette démarche. Le document de la CNLTD est en effet une version enrichie de la première plateforme dévoilée à l'occasion de la conférence nationale de l'opposition, tenue le 10 juin dernier à Alger. Les rédacteurs de la nouvelle mouture n'y ont pas apporté de grands changements. Mieux, face aux appels de certains acteurs de l'opposition de faire intervenir l'armée dans le jeu politique, ne serait-ce que pour mener une période transition, la CNLTD a maintenu le principe de l'éloignement de «l'institution militaire et sécuritaire des enjeux et pressions politiques pour se consacrer à ses missions constitutionnelles de défense de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale». Le nouveau texte comprend donc deux principes nouveaux. Le premier a trait à «un contact permanent et effectif avec le peuple algérien et ses composantes, afin de le mobiliser autour de la consécration de la démocratie, des droits de l'homme, l'élargissement des libertés, la lutte contre la corruption et l'établissement d'une réconciliation nationale véritable, basée sur la vérité et la justice». Cela passe, selon le document, par l'organisation de conférences thématiques autour de ces questions qui touchent directement à la société algérienne. Les rédacteurs du document ont également ajouté, dans les objectifs assignés à la transition démocratique, «la promotion effective de la place de la femme et de la jeunesse au sein de la société et des institutions». Ce point n'existait pas dans la première version de la plateforme. En revanche, dans la deuxième mouture, un point relatif à «l'adoption de la méthodologie scientifique et le respect de la probité dans l'élaboration des lois liées à la transition démocratique» n'a pas été retenu. Pour le reste, la CNLTD a maintenu les grands axes inscrits dans le premier document, présenté lors de la conférence du 10 juin dernier. Comme moyens de parvenir à une transition démocratique, le texte prévoit «un gouvernement de transition démocratique consensuel qui veillera à la concrétisation de la transition démocratique, la gestion des affaires courantes et l'instauration de la paix sociale» et «une autorité indépendante et permanente pour l'organisation et la surveillance des élections, qui aura pour tâche la conduite du processus électoral». Dans l'exposé des motifs qui ont conduit la CNLTD à proposer une transition démocratique, pas non plus de changement. Il s'agit de «l'absence de la démocratie participative dans la gouvernance et la gestion des affaires publiques», du «non-respect des principes d'équité et de justice par l'administration et l'appareil judiciaire», de l'«inexistence de conditions constitutionnelles et juridiques pour l'organisation d'élections libres, transparentes et crédibles». La CNLTD compte des partis politiques, tels que le RCD, le MSP, le FJD, Ennahda et Jil Jadid, auxquels s'est joint l'ancien Premier ministre, Ahmed Benbitour. Elle a réussi à organiser, le 10 juin dernier, une conférence nationale des forces de l'opposition qui a regroupé tout ce que compte le pays d'opposants. Depuis cette date, aucune réunion publique n'a été organisée par ce groupe de partis, à cause notamment de l'absence d'autorisation publique.