«Sur 80 exposants américains, 60% des entreprises participantes sont de droit américain et 40% sont basées en Algérie,» indique Rachid Khiar, directeur général adjoint de la Safex et commissaire général chargé de la 47e édition qui s'est tenue jusqu'au 2 juin. Pour l'édition 2014, les États-Unis sont à l'honneur : une façon de mettre en valeur les relations d'affaires avec le huitième client de l'Algérie, selon les organisateurs. Les Algériens qui ont investi aux États-Unis ou en Algérie ont aussi tenu à marquer leur présence. C'est le cas de Mouloud Baira, 62 ans, président de la société d'exportation américaine MBA International Company, qui pour l'occasion, sorti une panoplie de produits américains de la grande distribution : mini-barre de chocolat, céréales, lames de rasoir, entre autres. «Après un MBA (master en management d'entreprise, ndlr) et quatorze ans aux Etats-Unis, j'ai créé ma société en Louisiane en 1989. Aujourd'hui, j'exporte mes produits dans les pays du Moyen-Orient», affirme ce natif de Constantine en offrant un carré de chocolat. Vierge Pour sa première participation, Mouloud Baira cible les maillons de l'importation et de la distribution en Algérie. «Ardis, Uno à Bab Ezzouar m'intéressent tout comme le petit distributeur qui est en contact avec les chaînes d'hôtel et les traiteurs», précise Mouloud Baira. «En prenant connaissance des marques américaines vendues en Algérie et des prix pratiqués à la vente», l'entrepreneur est formel : «Le marché de l'importation des produits américains de grande distribution en Algérie est vierge, nous devons donc être présents.» Nesrddine Mefti, directeur général de la chambre américaine du commerce à Alger, confirme : «Les Etats-Unis exportent vers l'Algérie des produits agroalimentaires en faible quantité en comparaison avec les ressources énergétiques qu'elle importe du pays.» Mouloud Baira estime que «les techniques de paiement à l'international en vigueur ne sont pas avantageuses : elles ne permettent pas le paiement cash à l'avance. Mais l'Algérie demeure un marché plus accessible que le marché américain où les majors de la grande distribution contractent directement avec les marques locales.» Après avoir pris attache avec quatre clients potentiels, l'homme d'affaires projette d'ouvrir un bureau à Alger, spécialisé dans le suivi marketing, «afin d'aider nos distributeurs à faire la promotion de nos produits». Vitrine Deux stands plus loin, une affiche publicitaire annonce : «Du béton frais, où, quand et autant que vous voulez». «Une des causes principales de l'effondrement des immeubles lors du tremblement de terre à Boumerdès a été la qualité des bétons mis en place. Il faut appliquer du béton frais produit en continu par une machine mobile et non pas du béton transporté dans lequel on ajoute des retardateurs de prise», indique Tchouar Mohamed Choukri, 58 ans, ingénieur/expert en travaux publics (BTP) et chef de Kotbia. Cette entreprise détient, par le biais de contrats de partenariats avec plusieurs firmes américaines, «l'exclusivité de la distribution» de centrales et de pompes à béton mobile en Algérie. L'homme originaire de Tlemcen participe, en compagnie de son épouse, à la troisième édition de la FIA, en ayant néanmoins un avis mitigé sur la qualité des relations commerciales algéro-américaines. Selon lui, «si elles ont positivement évolué ces dernières années avec l'envoi de délégations algériennes aux Etats-Unis, il n'y a pas eu assez d'efforts pour valoriser la vitrine algérienne». A cela s'ajoutent en Algérie les longues procédures administratives qui réduisent les perspectives d'accès aux marchés publics du BTP, et le manque de confiance du secteur dans l'acquisition d'une technologie qu'on ne maîtrise pas encore. L'entrepreneur précise par ailleurs que «le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé, il y a une vingtaine de jours, en présence des médias, que l'utilisation de moyens modernes de construction comme les nôtres devaient remplacer les machines classiques devenues selon lui obsolètes.» Kotbia offre entre-temps des prestations de services en mettant à la disposition du secteur privé la location de ses équipements. «Nous souhaitons cependant à moyen terme importer une partie des pièces des centrales américaines et produire en Algérie, 30 À 60% du produit fini afin de réduire les frais de transport, créer du savoir-faire et de l'emploi, puis exporter ses équipements vers l'Afrique, le Moyen-Orient et l'Europe où nos partenaires ont des revendeurs», précise-t-il, en espérant «avoir le soutien financier et rapide des banques algériennes». Narcotrafic Cependant, le business n'est pas la seule motivation. «L'investissement peut être aussi émotionnel. Il y a aussi l'envie de revenir dans son pays d'origine en investissant dans un marché prospère», confie Nacer Benzekri, 46 ans, diplômé de l'Ecole nationale d'administration (ENA) à Alger et PDG de la NBC Security. L'homme d'affaires, originaire de Ghardaïa, a fondé en 2009, cette entreprise de conseil spécialisée dans le «consulting sécuritaire auprès des organismes étatiques de défense». Il a progressivement installé ses bureaux à Washington DC aux Etats-Unis, à Ryad en Arabie saoudite et à Kiev en Ukraine, avec pour objectif à présent, d'étendre sa présence à Alger. Le détail des secteurs d'activités de l'entreprise se répandent, en effet, le long du mur principal de son stand, indiquant dans un jargon anglais des spécialités dans le conseil d'achat d'équipements pour la sécurité des réseaux de communication, les unités de la police scientifique, les centres de commandement des forces de sécurité et la formation de ces dernières dans le domaine de la lutte contre le narcotrafic ou le terrorisme. «Au cours d'un échange rapide avec Abdelmalek Sellal, le premier jour de la foire, j'ai cru comprendre que le gouvernement était intéressé par les technologies de la sécurisation de la communication», raconte Nacer Benzekri, qui souhaiterait «développer l'industrie sécuritaire du pays» en entrant en contact «avec les autorités concernées» sans apporter plus de précisions. Selon une source sécuritaire, «des hommes d'affaires, algériens et étrangers, ont été conviés, fin 2013, à des meetings organisés à huis clos par le ministère de la Défense qui a montré son intérêt pour l'acquis de savoir-faire en matière de sécurité.»