Cinq jours après la tenue de la première conférence nationale pour la transition démocratique, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) fait son évaluation du rendez-vous. Membre de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD), initiatrice de ce premier sommet de l'opposition, le président du RCD, Mohcine Belabbas, livre ses appréciations de cette rencontre. Il salue les «acquis» et relève les «défaillances». Dans un communiqué publié hier sur sa page facebook, Mohcine Belabbas estime, d'emblée, que la conférence «a atteint largement ses objectifs». «La conférence pour la transition démocratique a finalement eu lieu. Bien des observateurs avaient parié, au départ, sur l'échec de la démarche engagée dans le cadre de la CLTD. Il n'en est rien du point de vue des objectifs fixés au départ qui sont largement atteints», souligne-t-il, en énumérant les succès de cette démarche. Il cite, dans ce sens, l'élaboration d'une plateforme qui fixe les règles et mécanismes de la transition démocratique, le rassemblement d'un maximum d'acteurs politiques et sociaux autour d'une même table pour débattre, en toute liberté, de façon horizontale sur la crise politique que traverse le pays et les solutions pour sortir de l'impasse, ainsi que l'adoption des résolutions consensuelles qui confortent la démarche. Pour lui, la conférence, tenue le 10 juin dernier à l'hôtel Mazafran d'Alger, a confirmé l'isolement du pouvoir dans une conjoncture où ce dernier tente de racheter une crédibilité et une légitimité par des consultations alibi autour d'un texte faisant office de projet de Constitution. «La conférence a aussi jeté les bases de la construction d'une forme plus mature de la relation entre les différentes forces politiques et sociales et elle a créé l'espoir dans la possibilité de réaliser une transition démocratique.» «Crise de la conception politique de l'avenir national» Parmi les enseignements tirés de cette conférence par le premier responsable du RCD, il y a un certain nombre de «points négatifs». Il déplore d'abord le fait que les représentants de la société civile n'ont pas, pour leur majorité, pu exprimer leurs points de vue lors de cette première rencontre à cause du non-respect du temps de parole par certains convives. «Un intervenant a enfreint la règle, pourtant énoncée au début des travaux, fixant le temps de parole à sept minutes, pour disserter pendant 25 minutes, transgressant ainsi l'horizontalité de la conférence», affirme-t-il, en faisant allusion au candidat malheureux à l'élection présidentielle du 17 avril dernier, Ali Benflis. De plus, Mohcine Belabbas dénonce l'attitude de certains «participants ayant tenté de pousser vers des alignements claniques». «Quelques présidents de parti présents à la conférence ont pris part également aux consultations avec le pouvoir et l'âge moyen des intervenants dépasse largement la soixantaine», a-t-il ajouté. Ce faisant, le président du RCD met en cause également les limites de l'analyse produite lors de cette rencontre. «Censés, par leurs analyses et propositions, identifier les voies à même de mûrir les facteurs politiques, économiques, sociaux et culturels qui permettent de traduire l'espoir démocratique, les responsables politiques se sont plutôt limités à des lieux communs», a-t-il regretté. Selon lui, la conférence a révélé, notamment, la crise de la conception politique de l'avenir national et l'échec des organisations politiques dans le renouvellement des élites. D'où, enchaîne-t-il, la marginalisation consciente ou inconsciente des animateurs de la société civile et de la jeunesse, acteurs incontournables de la construction de nouveaux rapports de force et donc de la mobilisation populaire.