Le CTC, chargé par la wilaya de l'expertise des immeubles suite au dernier séisme, vient d'achever sa mission. Quinze brigades du Contrôle technique de la construction, composées d'une trentaine d'ingénieurs rejoints par leurs collègues des wilayas limitrophes, s'étaient déplacées, en fin de semaine, dans plusieurs communes de la capitale. Les conclusions ont été transmises à la commission de la wilaya chargée du relogement des familles. Au moins 1800 bâtisses ont été expertisées jusqu'en fin de semaine dernière. Le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, qui a missionné le CTC, a promis que les familles des immeubles dont «la vulnérabilité est avérée seront immédiatement relogées.» Selon une source à la wilaya, 25% des constructions expertisées ont été classées dans la catégorie rouge, rendant leur évacuation obligatoire. «Les ingénieurs, accompagnés d'un agent de la Protection civile et d'un employé de l'APC, étaient chargés d'un lot de bâtisses. Les avis des experts sont transmis à l'administration de wilaya qui s'y réfère pour décider de l'évacuation des immeubles. Au moins 25% des 2000 bâtisses expertisées étaient classées dans la catégorie rouge. Les ingénieurs ont formulé, par ailleurs, des remarques sur les bâtisses classées orange 4. Il est demandé dans le P-V. de constat, pour ces derniers cas, une expertise supplémentaire de la construction. La mission peut être confiée à un bureau d'études, aidé éventuellement par des ingénieurs du CTC», estime notre source. Quelles sont les pathologies qui reviennent le plus dans les bâtisses classées rouge ? «Les pathologies principales constatées ont trait aux murs porteurs disloqués. Il s'agit aussi des planchers, des escaliers effondrés ou des terrasses et des rambardes fissurées. Tous ces éléments font que la bâtisse n'est plus habitable. Pour la catégorie orange 4, il peut s'agir d'une seule partie seulement de l'immeuble affecté, comme le plancher, ou des escaliers, mais les bâtisses restent néanmoins habitables et peuvent même être confortées», précise-t-on en faisant remarquer qu'il s'agit de constructions coloniales et ottomanes pour La Casbah, ou même de nouvelles villas «disloquées» dans la commune d'Ouled Fayet. Excepté les bâtisses de La Casbah, les autres constructions des autres communes classées rouge ont été démolies, juste après l'avis d'évacuation du CTC. Le CTC acculé La mission des agents du CTC n'était pas facile. «La population dont on comprend le désarroi voudrait que l'expert classe dans la catégorie rouge la bâtisse. Ce dernier fait scrupuleusement son constat. Les habitants voudraient que l'on visite chaque logement à part. L'ingénieur qui a constaté des dégradations au rez-de-chaussée suppose que l'immeuble est aussi touché. A Aïn Benian, des ingénieurs ont été malmenés par la population, ce qui a nécessité, dans certains cas, le déplacement de la police», nous signale-t-on. Le CTC a fait aussi face à l'«incompréhension» des services de l'APC. L'expertise a buté, les premiers jours, sur un désaccord entre la wilaya et les APC. Ces dernières avaient contesté, nous a-t-on déclaré, «l'urgence» des listes proposées en présentant d'autres listes. Pour régler le problème, le CTC a coupé la poire en deux, en travaillant sur les deux listes en fonction de la mitoyenneté des bâtisses. Mohamed Smaïl, coordinateur de la wilaya, a «validé la démarche lors des réunions de synthèse en soirée.» Notre source affirme que la «décision de recaser la population est du seul ressort de la wilaya, qui reçoit chaque soir les fiches du CTC.» «Il est arrivé que des habitations soient reclassées en orange 4 alors qu'elles étaient en rouge lorsqu'a été constatée leur résistance aux deux ou trois séismes et aux dizaines de répliques enregistrées. Les APC ont signé des décisions d'affectation au profit des occupants des logements reclassés à Hussein Dey et Alger-Centre. Les experts n'ont pas à se mêler à ces considérations», estime-t-elle.