Un immeuble à la rue Rachid Kourifa à El Harrach ressemble plus à une usine désaffectée qu'à un lieu d'habitation : les murs qui ont reçu une couche de peinture sont fissurés, les escaliers menant au premier niveau sont chancelants et une odeur nauséabonde se dégage des caves de l'immeuble qui donnent sur des égouts. La trentaine de familles qui y résident souffrent de l'absence de commodités et de l'accumulation des désagréments. «Notre immeuble se dégrade à vue d'œil. La plupart des habitants ont des allergies. L'eau s'infiltre de partout. Nous n'avons aucune commodité : le réseau d'assainissement est totalement obstrué», constate M. Lamouri, habitant de l'immeuble situé au centre-ville et datant de l'époque coloniale, qui a été touché de plein fouet par le séisme. «L'immeuble a été classé dans un premier temps dans la catégorie rouge après le séisme de 2003. Les autorités l'ont reclassé dans la catégorie orange 4. Les habitants ont engagé un expert qui a rendu ses conclusions : notre immeuble est à démolir», signale M. Lamouri. Selon les résidants, les autorités devaient reloger les occupants de l'immeuble au lendemain du séisme. «Les autorités ont promis de nous reloger dans des chalets après 2003. Ce n'étaient que des promesses en l'air. Le P/APC est venu accompagné du wali délégué nouvellement installé dans notre daïra. Ils ont promis encore une fois un relogement rapide, mais depuis on n'a rien vu venir. Ce qui nous agace le plus, c'est le deux poids, deux mesures de ces mêmes autorités. Des résidants du quartier Kourifa ont été relogés. Mais pas nous. Pourquoi ce mépris ?», s'interrogent les résidants qui ont adressé l'expertise privée aux différentes autorités administratives, sans recevoir de réponse. L'APC d'El Harrach assure ne pas pouvoir prendre en charge le problème. «Une nouvelle expertise a été commandée en 2008. Le bâtiment a été classé dans la catégorie orange 3. L'APC, sollicitée par ces citoyens, dont nous comprenons la souffrance, ne peut pas reloger les habitants. C'est du ressort de la wilaya», s'est contenté d'assurer M. Abzar, président de l'APC. Le nombre d'immeubles menaçant ruine (IMR) est important dans la commune. «J'ai signé des arrêtés de mise en péril de 17 bâtiments occupés par 72 familles», signale l'élu, et d'ajouter : «Le parc immobilier de l'APC est de 9000 logements. Pratiquement tous les immeubles de l'époque coloniale sont fragilisés. Nous avons relogé après le séisme 250 familles. 60 autres familles des vieux chalets ont été relogées en 2008.»