Les jeux sont-ils faits à El Tarf ? Si on fait les comptes en bon épicier, sur les 244 grands électeurs des 24 APC et de l'APW, le RND, avec 88 voix, soutenu par les 16 voix du PT, domine car le FLN ne dispose que de 80 voix et le FNA de 29. Ce sont les seules formations à avoir désigné des candidats. Reste le HMS et les indépendants, qui ont respectivement 12 et 19 élus dans les assemblées. Le grand favori est le candidat du RND, président de l'APW. Gros, très gros entrepreneur de la région. Il ne lésine pas sur les moyens pour mener sa campagne et sa légendaire générosité est d'une redoutable efficacité. Face à lui, le candidat FLN, un ingénieur en agriculture, pas très connu sur la place publique, ce qui, paradoxalement, est de nos jours un précieux atout. Et dans une moindre mesure, celui du FNA, un autre entrepreneur, qui ne craint pas non plus de mettre la main dans la poche. Mais, c'est aussi sans compter les voix qui restent. Elles ne sont pas nombreuses et loin d'être majoritaires, mais à voir la fébrile sollicitation dont elles font l'objet, il y a quelques doutes sur l'issue de l'élection. Le trouble-fête est un indépendant qui s'est invité dans l'arène. « Au début, j'étais vraiment sur la touche, mais aujourd'hui, mon quotidien est fait d'incessantes allées et venues jusque tard dans la soirée. Il y a de plus en plus de soutien d'élus que je croyais totalement acquis à mes adversaires et aussi des contacts de ceux qui m'appellent à me retirer de la course ou à me prononcer en faveur de ceux qui, pourtant, partaient favoris », déclare Aggab Mourad, greffier du tribunal d'El Tarf et président du syndicat de cette corporation. Que se passe-t-il donc dans la dernière ligne droite de ces joutes qui se préparent depuis plusieurs mois ? Il se trouve que le P/APC, Maïzi Boubekeur, candidat du RND, risque de laisser la place aux concurrents des élus qu'il a su si bien contenir alors qu'on le créditait d'une inaptitude totale à mener sans dérapage l'assemblée de la wilaya. Dans son propre camp, on ne souhaite pas son départ, car il laisserait la place à des personnes dénuées de charisme, et du fait qu'il ait réussi à dénouer bien des crises et des émeutes. En dehors du microcosme, où on se prépare pour le 29 décembre, nul ne s'intéresse ni à l'évènement ni à sa préparation. Pour le commun des mortels, devenir sénateur n'a d'utilité que pour l'heureux élu, qui va gagner plus d'argent et une immunité le mettant pendant un certain temps à l'abri d'éventuelles affaires qui risquent de le rattraper, surtout par les temps qui courent où le spectre de la lutte contre la corruption est agité comme un rappel de l'omnipotence du pouvoir.