Cet avertissement du Réseau Sécurité Nigeria intervient après la prise hier par les insurgés islamistes de la ville stratégique de Bama, à 70 km de la métropole régionale Maiduguri, selon de nombreux témoignages. L'armée nigériane nie cependant avoir perdu la ville. Depuis le printemps, Boko Haram a pris le contrôle de nombreuses villes et de portions de territoires, principalement dans l'Etat de Borno, épicentre historique de son insurrection. Les insurgés semblent tenter d'encercler Maiduguri depuis quelques semaines en prenant le contrôle de toutes les routes qui y mènent. «Le Nigeria est sur le point de perdre le contrôle de l'Etat de Borno, y compris de sa capitale Maiduguri», ce qui permettrait à Boko Haram de «réaliser son ambition d'établir un califat dans le nord-est du Nigeria», selon le rapport. «Boko Haram a détruit ces dernières semaines une série de ponts autour de Maiduguri pour empêcher l'armée d'envoyer des renforts.» «Si Borno tombe, des territoires des Etats voisins de Yobe et d'Adamawa pourraient suivre, ainsi que des territoires camerounais frontaliers, dans un scénario similaire à la progression fulgurante de l'Etat islamique en Irak et en Syrie» , estiment les experts. «Démotivée», «sous-équipée et manquant de munitions», «l'armée ne semble pas capable de stopper Boko Haram». Si ce scénario se réalise, «une crise humanitaire majeure est à craindre, avec des dizaines ou même des centaines de milliers de réfugiés», ajoutent-ils. L'insurrection armée de Boko Haram depuis 2009 — et sa répression féroce par les forces de sécurité nigérianes — ont fait plus de 10 000 morts. Quelque 650 000 personnes ont fui leurs foyers, selon l'ONU.