Mercredi dernier, roulant à une vitesse excessive et voulant éviter une ornière au beau milieu de la route Mohamed Sedik Benyahia, un jeune conducteur a fait une embardée. Dans l'impossibilité de reprendre le contrôle de son véhicule, il a percuté une passante âgée de 71 ans, décédée sur le coup. Ce drame met davantage en exergue le point de non-retour atteint par l'état des routes dans la commune du chef-lieu de wilaya de Annaba. Slaloms, coups brusques de volant et de freins, disputes et rixes entre automobilistes, entre ces derniers et les piétons et des embouteillages monstres forment, ces derniers mois, le quotidien des habitants de Annaba. Toute une situation que les dernières intempéries et l'absence de prise en charge de cet aspect du quotidien des habitants ont aggravée. Rien n'indique, en effet, qu'elle pourrait trouver son épilogue. La déclaration faite par un élu de l'Assemblée populaire de wilaya portant indisponibilité des moyens financiers consolide cette impression qui actuellement fait l'unanimité auprès de l'opinion publique. « Il n' y a plus d'argent dans la caisse de la wilaya. Le chapitre destiné à l'entretien des routes est totalement vide. Il va falloir attendre le budget complémentaire de la wilaya pour espérer une prise en charge de ce dossier. Il faut prendre son mal en patience et attendre », avait répondu l'élu à des citoyens l'ayant interrogé. L'argument financier est rejeté par tous, notamment les chauffeurs de taxi qui, pour leur part, imputent cette situation au laxisme qui caractérise le 1er magistrat de la ville et le chef de daïra. « Le maire fait de la politique au lieu de s'occuper de la mission pour laquelle il a été élu. Le quotidien de la population lui importe tout autant que pour le chef de daïra. Ce dernier donne l'impression de vivre loin des problèmes que vivent quotidiennement ses administrés. A Annaba, l'Etat est totalement absent sur le terrain. Depuis l'accident du directeur de l'exécutif dont le retour est attendu avec impatience par les citoyens, c'est l'anarchie », souligne Abdelhamid Khanni chauffeur de taxi. Cette colère des citoyens, vis-à-vis des deux principaux responsables chargés de gérer leur quotidien, est largement justifiée. En fait, circuler à Annaba est non seulement synonyme de calvaires et de dépenses, mais aussi de dangerosité pour tous. Mardi dernier, à quelques dizaines de mètres du siège de la cour de justice, plusieurs véhicules s'étaient télescopés. Pour éviter une ornière profonde, le conducteur de la voiture de tête avait brutalement freiné. A Kouba, un écolier a été renversé par un automobiliste auteur d'un brusque coup de volant dans une tentative d'éviter un nid-de-poule. L'image qu'offrent actuellement les rues, les ruelles et les boulevards est celle d'une ville des années de l'occupation française. Les dernières intempéries et la stagnation des eaux de pluie, faute d'un système d'évacuation efficient, ont entraîné la dégradation totale de la voie publique. Pas une route ni trottoir, y compris ceux sous les balcons du siège de la commune, n'est épargné par les immenses trous et les ornières. Alors que l'on avance l'indisponibilité de moyens financiers, le citoyen s'interroge sur les travaux entamés sur l'allée de la plage Rizzi Amor. Alors que ces travaux ne prêtaient à aucune urgence, ils ont été lancés par la wilaya à quelques semaines de la période estivale 2004 et n'avaient pu être achevés à temps. Ces travaux ont fait l'effet d'un scandale d'autant qu'ils n'avaient pas été précédés d'un avis d'appel d'offres et encore moins d'une délibération du conseil communal. Une année après, toujours inachevée, cette allée agresse le regard par sa laideur.