Implanté au cœur de la ville de Blida, le centre des affaires El Wouroud, inauguré officiellement par le président de la République en 2007, tarde à ouvrir réellement ses portes. Après 8 appels aux enchères, 80 des 111 locaux de ce centre ont été cédés à des entités publiques et privées. Malgré ce nombre assez important de locaux vendus, le centre n'est toujours pas fonctionnel. On y trouve seulement quelques bureaux appartenant à des entreprises publiques qui ont ouvert leurs portes. Contactés, la plupart des bénéficiaires ont avoué qu'ils ne peuvent pas activer à l'intérieur du centre pour cause d'absence d'actes de propriété de leurs magasins. « Nous avons tenu tous nos engagements vis-à-vis de l'ENPI, ex-EPLF. Cela dit, contrairement aux clauses du cahier de charges, cette dernière ne nous a pas encore appelés pour la signature des actes. Nous ne disposons aujourd'hui que des décisions d'attribution. Après réclamations, nous avons appris que l'ENPI ne disposait pas d'acte de propriété du terrain, ni du permis de construire lorsqu'elle a entamé la réalisation de ce centre », nous dira Rédha, un des nombreux bénéficiaires pénalisés par cette situation. Et de poursuivre : « Nous avons acheté avec une grande confiance auprès d'une entité étatique. Nous n'avons jamais cru qu'elle pourrait construire dans l'illégalité ». Effectivement, ce projet a été attribué en 1997 à l'EPLF, actuelle ENPI, par autorisation verbale du wali de l'époque, Tahar Melizi, lors d'une session de l'APW. Depuis ce jour, les travaux ont commencé sans même savoir à qui appartenait réellement le terrain en question. Ce n'est que quelques années plus tard, que l'on a appris que le foncier abritant le centre El Wouroud est un bien domanial. Selon M. Mansouri, directeur des domaines de la wilaya de Blida : « Si l'affaire concernait un promoteur privé, il aurait été question de démolition. Toutefois, comme il s'agit d'une entreprise publique, l'unique solution est de poursuivre la procédure administrative de régularisation judiciaire de la propriété du terrain. Il y a trois ans, nous avons proposé à l'ENPI d'introduire un dossier auprès du comité technique de la wilaya. Ce dernier a donné un accord de principe en mai 2007 et un arrêté du wali en a suivi pour nous autoriser à évaluer le terrain qui frôle les 20 000m2, chose qui a été faite. Nous l'avons estimé entre 40 000 et 45 000 DA/m2, soit 9 milliards pour le terrain complet. L'ENPI a contesté le prix. Nous avons soumis le problème au ministère des Finances qui a ordonné d'évaluer le terrain avec un prix actualisé ». Notre interlocuteur conclura en disant que la balle est dans le camp de l'ENPI. « Dès qu'elle paye, on délivrera l'acte », insistera-t-il. Selon les déclarations du PDG de l'ENPI, Bousbaine Rabah, son établissement n'est pas vraiment « pauvre », mais tout son argent est investi dans des projets. « Nous devons vendre pour avoir du liquide », rétorquera-t-il. Mais en fin de compte, vendre quoi si les détenteurs des locaux ne sont pas juridiquement propriétaires ? Notre interlocuteur dira qu'il avait 15 dossiers similaires, c'est-à-dire des constructions sans autorisation. « Nous avons réussi à régulariser 7 dossiers, dont les 1100 logements de Ouled Yaïch. Aussi, je suis fier et content d'avoir réussi à bâtir, même sans papiers, dans une période difficile et sanglante, un centre commercial », lancera-t-il. Concernant la régularisation juridique du centre en question, il mettra en tort l'Etat qui a gelé les activités de l'EPLF durant plus de 18 mois. « Ce sont de petits problèmes d'administration qui nous ont empêchés de régler ce problème durant toute cette longue période. Nous ne pouvions retarder la vente des locaux jusqu'à la régularisation de la situation. C'est une question d'argent et de rentabilité du projet qui nous a coûté 750 millions de dinars, le prix du terrain compris », a-t-il souligné. Le PDG de l'ENPI, n'a pas manqué par ailleurs de rassurer sa clientèle en déclarant que le problème sera réglé « incessamment ». Entre-temps, les bénéficiaires ne comptent pas brandir le drapeau blanc, ils ont signé des pétitions et comptent même avoir recours à la justice.