La seconde journée de la grève à laquelle a appelé la Coordination des syndicats autonomes de l'éducation (CSA) a eu le même écho que la première. Si d'après nos constats établis dans certains établissements, à Alger notamment, le suivi de cette grève a été mitigé, l'initiateur de cette action, lui, évoque un bilan de participation de près de 73%. En dépit des menaces de ponction sur salaire proférées la veille par la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, beaucoup d'enseignants et de personnel administratif ont en effet répondu au mot d'ordre de la CSA. Syndicats et ministère se sont livrés à une guerre des chiffres sur les conséquences de cette grève. Au premier jour, le ministère de l'Education nationale a affirmé que le mouvement de grève a été faiblement suivi, avançant un taux ne dépassant pas 11%. Ce qui a fait réagir le coordinateur du Syndicat national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane. Pour lui, «si 10% des enseignants participent à la grève, près de 5 millions d'élèves seraient sans cours». C'est pourquoi, selon lui, «on doit s'inquiéter pour trouver une solution aux problèmes posés pour qu'on en finisse avec ce conflit répétitif». Comment ? Le coordinateur du Snapest émet le vœu que Mme Benghebrit invite tous les syndicats à «un dialogue sérieux». «On aurait aimé qu'on nous invite à de véritables négociations. Pourquoi ne pas négocier directement avec des cadres du ministère des Finances et de la Fonction publique au lieu de nous répondre que cela dépasse les prérogatives de la tutelle», s'est il interrogé. La ministre n'a pas manqué de réaffirmer, hier, que les portes du dialogue restaient ouvertes avec le partenaire social et s'est dit prête à recevoir les syndicats grévistes. Selon Mme Benghebrit, le dialogue a fait ressortir des «défaillances» dans le statut particulier qu'il convient de réviser dans un délai maximum de cinq années. Et s'agissant de la plateforme de revendications de la CSA, la ministre avoue que le problème est dû à un «désaccord» sur le contenu de ces revendications et au temps nécessaire pour leur satisfaction. Le ministère s'emploie actuellement à identifier les problèmes de façon précise dans chaque wilaya, afin de connaître le nombre d'enseignants et de travailleurs concernés par l'effet rétroactif. Mme Benghebrit a ajouté que «la bonne volonté» existe pour régler tous les problèmes du secteur, mais qu'il faut du temps pour ouvrir un long débat sur les dossiers en vue de développer et de promouvoir l'école algérienne au niveau international. Les travailleurs de l'éducation ne sont pas des «ennemis», a encore souligné Mme Benghebrit, affirmant leur vouer un «grand respect» eu égard à la noble mission qui leur est assignée dans l'éducation des générations. Elle répond par ailleurs aux syndicalistes au sujet de la promotion des enseignants qui prévoit 10 ans pour l'enseignant principal et 20 ans pour l'enseignant formateur : «Celle-ci ne peut être appliquée car la Fonction publique requiert la formation pour la promotion.» De même que la retraite après 25 ans de service est «inacceptable», selon Mme Benghebrit. Reste à savoir ce que va décider la CSA, dont les membres étaient en conclave, hier. Mais selon un de ses membres, un consensus entre les syndicats n'est pas à écarter pour rééditer la grève dans les prochains jours.