«Le secret de la réussite, c'est l'organisation et le partage des tâches avec mon mari qui est très compréhensif. Il m'a expliqué dès le début d'être en mesure d'harmoniser le travail, l'éducation des enfants et la maison», explique Fatima, salariée dans une entreprise privée, mère de deux enfants de 11 et 8 ans, dont le mari est administrateur. Elle dévoile qu'elle a réussi à stabiliser sa vie professionnelle et familiale. «Mon principe est d'éduquer mes enfants, qu'ils atteignent l'âge pour qu'ils puissent entrer en crèche pour que je puisse reprendre le travail et être tranquille psychiquement. En étant une maman poule, j'ai peur pour mes enfants surtout en voyant ce qui se passe actuellement, je suis angoissée à l'idée de laisser mon enfant chez une nourrice que je connais à peine. Quand je sors pour ma pause de déjeuner, je donne à manger aux enfants, un repas que j'ai préparé la veille. Je profite pour faire un gâteau pour le goûter», dit-elle. Elle ajoute qu'il lui arrive de sortir après ses enfants, en attendant de rejoindre la maison, elle les appelle au téléphone ou se connecte sur skype pour voir ce qu'ils font. «Durant les week-ends, je m'organise pour préparer le menu de toute la semaine, je fais le grand ménage, je profite avec mes enfants et mon mari pour passer du temps ensemble». «Ça m'arrive d'être fatiguée et dépassée par les événements mais cela ne m'empêche pas de reprendre la force surtout que je suis complice avec mon mari qui m'aide beaucoup», révèle Fatima. Pour elle, le travail est une liberté et c'est important dans la vie car cela permet à la femme de changer un peu, d'aider le mari financièrement surtout que maintenant la vie est devenue trop chère. Dans une grande salle, un grand silence plâne, assise à une table, Yasmina, une jeune femme au visage épuisé, les yeux cernés mais gardant son dynamisme, tient dans la main plusieurs paquets de double-feuilles de ses élèves. Yasmina, 29 ans, professeur de français dans un collège, mère de deux enfants de 3 et 1 an, se dit dépassée par le travail et la vie familiale. «Je suis coincée entre l'éducation des enfants, le mari, le devoir domestique, les études et le travail, je ne me s'en sors plus. Et je ne crois pas qu'une mère qui travaille, s'en sort facilement», nous révèle Yasmina avec un ton ferme. Préparant sa thèse de magister depuis un moment, Yasmina pense abandonner ses études: «Je suis sur le point de laisser tomber ma thèse car je ne m'en sors plus avec tout ce que j'ai comme travail dehors et à la maison. Même pour chercher de la documentation, c'est devenu impossible». Pour la jeune maman, la plupart des femmes qui travaillent, avec des enfants et un mari, et font des études en parallèle, ne s'en sortent pas: «On n'est pas satisfait sur tous les plans car si on s'occupe bien de nos enfants et de notre maison alors on est obligé de laisser de côté les études et on culpabilise, donc psychiquement on n'est jamais à l'aise». Coinée entre le travail et le devoir domestique, Yasmina ne trouve plus de temps pour elle. «Si je travaille, c'est assurer un avenir meilleur pour mes enfants. Ça m'arrive de penser à arrêter pour être auprès de mes enfants, pour ma maison, mon confort et mon bien-être, mais je ne peux pas pour des raisons financières», explique-t-elle. Elle ajoute: «En plus de déposer et récupérer les enfants de chez la nourrice et à la crèche, ça m'arrive de faire des courses surtout quand mon mari est de garde car il est médecin et cela me pose problème. Ça m'est même arrivé de passer une année sans mon mari qui était détaché dans une wilaya limitrophe pour son travail et j'étais obligée de me débrouiller toute seule avec les enfants, ce qui n'était pas évident».