En effet, sauf revirement de dernière minute, tous les indices convergent vers un statu quo consacrant la décision de maintien du plafond de production décidée le 27 novembre dernier, sous la houlette de l'Arabie Saoudite. Une approche censée contrecarrer la progression notable du pétrole de schiste américain — qui concurrence fortement les exportations de l'OPEP — mais dont les dommages collatéraux sont gravissimes pour les petits producteurs tels que l'Algérie qui voit ses recettes fondre au fil des mois et craint des perspectives désastreuses pour son économie à court terme. Des préoccupations partagées au sein de l'OPEP par d'autres membres, mais qui jusqu'à présent peinent à faire entendre leurs voix, malgré les démarches entreprises auprès des pays OPEP et non OPEP en vue de rapprocher les points de vue et amener à une décision consensuelle visant à réduire les quantités de brut mises sur le marché et agir sur la courbe des prix. Une diplomatie pétrolière menée sans grand résultat, notamment par l'Algérie et le Venezuela, au vu de l'intransigeance des gros exportateurs des pays du golfe. La démarche a été de plus fortement contrariée par le rapprochement entre l'Iran et l'occident et la perspective de la levée des sanctions économiques à l'encontre du régime iranien. Les choses se compliquent en effet pour les pays les plus fragiles de l'OPEP dont l'Algérie, car l'Iran vient d'annoncer dans le sillage de ses pourparlers avec les pays occidentaux son intention d'augmenter sa production de brut et de regagner sa place de puissance pétrolière mondiale une fois les sanctions internationales levées. Une annonce qui s'ajoute à celle attribuée officieusement à l'OPEP, à quelques jours de la réunion du 5 juin prochain, ne laissant de fait planer aucun doute sur une éventuelle modification du plafond de production actuel. Il est à noter que les prix du pétrole ont repris hier une courbe ascendante, après avoir marqué la veille un des plus bas niveaux de prix en un mois et demi. Réagissant à la publication des chiffres sur les stocks de brut et la production américaine, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet valait hier 63,16 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 85 cents par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance gagnait 71 cents, à 58,39 dollars. Le rebond des prix a été ainsi déclenché par la publication des chiffres des stocks de brut américains publiés par le DoE, qui ont fait état d'une baisse des stocks. Lors de la semaine dernière, les réserves de brut ont reculé de 2,8 millions de barils, à 479,4 millions, alors que les experts attendaient une baisse de 2 millions. Les réserves commerciales ont ainsi reculé pour la quatrième semaine de suite, après avoir augmenté de façon continue entre janvier et début mai. Mais les prix de l'or noir demeuraient toutefois sous pression, car malgré une nouvelle diminution des réserves, ces dernières restent élevées. «Il ne faut pas se réjouir trop vite, la baisse de ces quatre dernières semaines a seulement retiré 11,5 millions de barils sur l'ensemble des Etats-Unis et 1,7 million de baril à Cushing, ce qui est moins que la hausse rapportée lors des quatre semaines précédentes», expliquent des analystes cités par les agences de presse.