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Prix du pétrole : Une hausse des réserves américaines stoppe l'élan de l'or noir
Publié dans Le Maghreb le 20 - 02 - 2016

Les cours du pétrole ont légèrement monté jeudi à New York et baissé à Londres, freinés par une hausse des réserves américaines d'or noir, dans un marché qui tentait toujours d'évaluer les chances d'une stabilisation concertée de l'offre entre grands pays producteurs.

Le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars, qui a repris près de cinq dollars depuis une semaine, a pris 11 cents à 30,77 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a reculé de 22 cents à 34,28 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). "Ce sont les chiffres publiés aujourd'hui par le département (américain) de l'Energie (DoE) qui ont pesé sur le marché", a estimé Bob Yawger, de Mizuho Securities. Alors que les cours du pétrole montaient nettement avant le rapport hebdomadaire du DoE sur l'offre américaine - publié un jour plus tard que d'habitude car lundi était férié aux Etats-Unis -, ils se sont vite repliés après l'annonce d'une hausse des stocks de brut à un niveau sans précédent depuis que le gouvernement américain a commencé en 1982 à diffuser des données chaque semaine. Non seulement, "les réserves de brut sont à un niveau historiquement élevé", dans l'ensemble des Etats-Unis, "mais c'est aussi le cas dans le terminal de Cushing", qui sert de référence au cours du WTI, "et pour les stocks d'essence", a souligné M. Yawger.
Toutefois, même si ces données sont défavorables dans un contexte de surabondance mondiale qui a récemment plombé le marché au plus bas depuis 2003, "elles n'ont pas suffi à franchement orienter les cours dans le rouge", a-t-il remarqué, y voyant "l'effet prolongé des réunions des deux derniers jours au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep)".

Premier pas
La semaine a en effet d'abord été marquée par un accord de gel de la production mardi entre l'Arabie saoudite, membre dominant du cartel, et la Russie, qui n'en fait pas partie, avant que l'Iran tienne des propos relativement conciliants sur le sujet le lendemain à l'occasion d'une réunion avec d'autres producteurs du cartel. Alors que l'attitude de l'Iran reste une grande inconnue car il compte profiter de la levée de sanctions pour faire son retour sur le marché pétrolier international, son ministre du Pétrole, Bijan Namadar Zanganeh a assuré qu'il soutiendrait toute mesure visant à stabiliser les prix. "Tout ce que l'Iran a dit, c'est qu'il serait heureux d'assister à un gel chez les autres... Mais pas qu'il compte y participer", a cependant commenté Kyle Cooper, de IAF Advisors, exprimant un scepticisme largement répandu chez les observateurs. Pour la plupart des analystes, le gel de la production sur lequel se sont non seulement accordés la Russie, l'Arabie saoudite, mais aussi le Qatar et le Venezuela, n'est pas suffisant pour relancer un marché qui a surtout besoin d'une baisse de l'offre. "Comme l'a noté Fatih Birol, directeur de l'Agence internationale de l'Energie (AIE), l'accord n'a de valeur que comme point de départ d'un processus susceptible de conduire à quelque chose de plus encourageant - même si cela risque de se heurter à des obstacles politiques", a estimé Tim Evans, de Citi. Depuis la mi-2014, les cours ont perdu deux tiers de leur valeur, en grande partie à cause de l'offre pléthorique à travers le monde, même si certains observateurs citent d'autres facteurs comme les incertitudes sur la demande et la force du dollar, défavorable aux échanges pétroliers car ils sont libellés en monnaie américaine.

Hausse en Asie
Les cours du brut étaient orientés jeudi à la hausse en Asie, les investisseurs saluant la position favorable de l'Iran à l'accord conditionnel russo-saoudien pour geler les niveaux de production de pétrole.
Les cours de l'or noir ont perdu près de 70% depuis juin 2014, quand le baril se négociait plus de 100 dollars. La faute à une offre excédentaire, que ne parviennent plus à éponger des économies, notamment chinoise, où la consommation s'essouffle.
La pression est accentuée par le retour du brut iranien sur les marchés mondiaux après la levée des sanctions internationales imposées à Téhéran pour ses programmes nucléaires. L'Arabie saoudite, la Russie, le Qatar et le Venezuela ont décidé mardi de geler leur production à son niveau de janvier, conditionnant toutefois cette décision à une mesure similaire des autres grands pays producteurs. A l'issue d'une rencontre avec ses homologues irakien, vénézuélien et qatari à Téhéran, le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namadar Zanganeh, a affirmé que son pays soutenait toute mesure visant à stabiliser le marché et augmenter les prix. Dans les échanges électroniques en Asie, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mars prenait 58 cents à 31,24 dollars, vers 03h30 GMT. Le baril de Brent de la mer du Nord, la référence européenne du brut, pour livraison en avril, gagnait quant à lui 37 cents à 34,87 dollars.

Hausse des stocks américains
Les stocks de pétrole brut ont moins monté que prévu la semaine dernière aux Etats-Unis mais ont atteint leur plus haut niveau depuis plus de 85 ans, selon des chiffres publiés par le département américain de l'Energie (DoE). Lors de la semaine achevée le 12 février, les réserves commerciales de brut ont progressé de 2,1 millions de barils pour atteindre 504,1 millions de barils, alors que les experts interrogés par l'agence Bloomberg tablaient sur une progression de 3,5 millions de barils. En revanche, les chiffres du DoE - publiés un jour plus tard que d'habitude car lundi était férié aux Etats-Unis - sont nettement plus défavorables, dans un contexte de surabondance mondiale, que les estimations privées de la fédération American Petroleum Institute (API) qui avait annoncé la veille un déclin de 3,3 millions de barils des réserves de brut. A ce palier, les réserves commerciales américaines de brut sont à un niveau sans précédent depuis le début des statistiques hebdomadaires du DoE, en 1982. En ce qui concerne ses chiffres mensuels, il faut remonter à 1930 pour retrouver un niveau aussi élevé aux Etats-Unis. Elles ont avancé de 18,4% par rapport à la même période de 2015 et sont à "des niveaux sans précédent à cette époque de l'année", comme l'a noté le DoE. Les stocks d'essence ont avancé de 3 millions de barils, soit bien plus que les hausses de 400 000 et de 800 000 barils respectivement prévues par les experts de Bloomberg et par l'API. Ils restent bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette époque de l'année, et s'affichent en hausse de 6,4% par rapport à la même période en 2015. Les réserves de produits distillés (gazole, fioul de chauffage, kérosène, etc.), ont augmenté de 1,4 million de barils, alors que les experts de Bloomberg annonçaient un déclin de 1,5 million de barils et l'API une baisse de deux millions. Elles progressent de 27,4% par rapport à l'an dernier et passent au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne à cette période de l'année.

Les raffineries accélèrent
Rare élément favorable de ces chiffres, la production américaine, très surveillée par les analystes, a reculé à hauteur de 51 000 barils par jour (b/j), à 9,135 millions de barils par jour (mbj).
Egalement suivies de près, les réserves du terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, sud), qui servent de référence au pétrole échangé à New York et sont proches de leur niveau maximum de contenance, sont restées stables à 64,7 millions de barils. Toutes catégories confondues, les stocks pétroliers américains ont augmenté de 3,4 millions de barils. Du côté de la demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 19,8 mbj de produits pétroliers, soit 0,2% de moins que l'année précédente à la même époque. Durant la même période, la demande de produits distillés a chuté de 15,6% et celle d'essence a monté de 3,0%, dans les deux cas sur un an. Les raffineries américaines ont un peu ralenti la cadence, fonctionnant à 88,3% de leurs capacités contre 86,1% la semaine précédente.

L'Iran soutient "toute mesure pour stabiliser le marché
L'Iran soutient "toute mesure visant à stabiliser le marché et augmenter les prix", a déclaré le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namadar Zanganeh, à l'issue d'une rencontre avec ses homologues irakien, vénézuélien et qatari à Téhéran. "Nous soutenons la décision qui a été prise (mardi au Qatar, ndlr) pour que les membres de l'Opep et les pays non-Opep maintiennent leur plafond de production pour stabiliser le marché et augmenter les prix", a déclaré M. Zanganeh, cité par l'agence de presse Shana du ministère du Pétrole. "C'est un premier pas, mais il en faut d'autres. Nous nous réjouissons de ce début de coopération entre les pays Opep et non-Opep", a déclaré le ministre, ajoutant qu'il fallait "attendre pour voir les effets sur les prix". Il n'a cependant pas précisé si l'Iran allait continuer à augmenter sa production ni quel sera son plafond de production. "L'Iran n'a pas explicitement indiqué qu'il allait geler sa production et bien sûr, il souhaiterait voir des prix du pétrole plus élevés", souligne Fawad Razaqzada, analyste à Londres. Cet expert estime nécessaire que l'Iran "clarifie sa position rapidement afin que les investisseurs croient réellement que quelque chose est fait (pour enrayer) la chute des prix du pétrole". "Il n'y a pas de message clair de la part de l'Iran sur la manière dont il veut soutenir ce gel de la production", souligne de son côté Abhishek Deshpande, analyste chez Natixis. Les cours du pétrole progressaient néanmoins nettement mercredi en fin d'échanges européens, galvanisés par ces déclarations conciliantes de l'Iran. La réunion de Téhéran est intervenue après que l'Arabie saoudite et la Russie --les deux premiers producteurs de brut-- sont convenues mardi, au terme d'une réunion à Doha avec le Qatar et le Venezuela, de geler leur production à son niveau de janvier. "Afin de stabiliser les marchés pétroliers", l'Arabie, la Russie, le Qatar et le Venezuela "sont convenus de geler la production à son niveau de janvier, pourvu que les autres grands producteurs fassent de même", avait déclaré le ministre qatari Mohammed Saleh al-Sada, président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
"L'Iran ne renoncera pas à son quota" malgré une surabondance de l'offre sur le marché, avait déclaré mardi M. Zanganeh. Après la fin des sanctions internationales à la mi-janvier, l'Iran a annoncé une augmentation immédiate de sa production de 500 000 barils par jour et de 500 000 b/j supplémentaires d'ici fin 2016. L'Iran produit actuellement un peu plus de 2,8 millions de barils de pétrole par jour (mbj) dont environ un mbj sont exportés. Téhéran avait insisté sur sa volonté de récupérer ses parts du marché perdues depuis le renforcement des sanctions par l'Union européenne et les Etats-Unis à partir de 2012.

"L'Arabie n'est pas prête à réduire sa production"
"L'Arabie saoudite n'est pas prête à réduire sa production" de pétrole pour soutenir les prix, plombés par un excès d'offre, a déclaré jeudi le ministre saoudien des Affaires étrangères. Dans une interview exclusive, Adel al-Jubeir a ajouté que les prix du brut, qui ont perdu 70% de leur valeur depuis la mi-2014, "seront déterminés par l'offre et la demande, et par les forces sur le marché". Le royaume saoudien --qui, avec la Russie, sont les premiers producteurs de brut au monde-- "va défendre sa part de marché, nous l'avions déjà dit", a-t-il souligné. L'Arabie saoudite et la Russie avaient annoncé mardi, lors d'une réunion à Doha avec le Venezuela et le Qatar, leur accord pour geler, sous conditions, leur production pétrolière à ses niveaux de janvier. Les cours du pétrole étaient jeudi orientés à la hausse au lendemain de propos encourageants de l'Iran, qui a dit coopérer avec l'accord de Doha. "Si les autres producteurs veulent limiter ou s'accordent à geler (...), cela peut avoir un impact sur le marché mais l'Arabie saoudite n'est pas prête à réduire sa production", a commenté M. Jubeir, réaffirmant la politique pétrolière suivie par Ryad depuis plus d'un an et demi. C'est sous la pression de l'Arabie saoudite, chef de file de l'Opep, que les pays du cartel ont décidé en novembre 2014 de ne pas réduire l'offre pour soutenir les prix. La surabondance de l'offre, recensée depuis la mi-2014, a provoqué une spirale de baisses des cours, qui ont atteint un plus bas en 13 ans.


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