L'appel à «la vigilance permanente» lancé, mercredi, par le chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée Gaïd Salah, devant le commandement de la 1re Région militaire relayé sur le terrain par le renforcement du dispositif sécuritaire, notamment dans la capitale et sa périphérie, suggère-t-il une accentuation de la menace terroriste ? Force est de le croire avec ces déplacements ininterrompus du chef d'état-major sillonnant les différentes Régions militaires du pays, galvanisant les troupes et réitérant à chaque fois l'engagement de l'ANP et des forces de sécurité de défendre et préserver la sécurité du pays en toutes circonstances. Deux maîtres-mots structurent ses interventions devant les chefs militaires opérationnels : anticipation et prévention du risque terroriste. Les différentes opérations antiterroristes menées avec succès par l'ANP et les services de sécurité au cours de ces derniers mois, lesquelles se sont soldées par la neutralisation de dizaines de terroristes, dont des chefs activement recherchés, confirment, si besoin est, que la menace terroriste est toujours réelle. Et que la situation d'accalmie dans laquelle baigne globalement le pays aujourd'hui, comparée aux années funestes de la décennie noire, ne signifie pas que la bataille contre le terrorisme est définitivement gagnée. Tant qu'il subsiste encore des poches de terrorisme, même s'il s'agit de capacités de nuisance «résiduelles», comme vient de les qualifier le chef d'état-major, il faut s'en inquiéter. Sans verser dans l'alarmisme et la paranoïa collective. Pour autant, l'effort de communication auquel se livre l'état-major de l'ANP, pour rassurer les citoyens sur l'engagement de l'armée en vue de faire face à toutes les tentatives visant à porter atteinte à la sécurité du pays, ne se traduit pas par la mobilisation citoyenne requise par la situation sécuritaire lourde de menaces entretenue à nos frontières. Les Algériens sont paradoxalement beaucoup plus attentifs aux communiqués et menaces des groupes terroristes, comme celui diffusé ce week-end, qu'aux messages rassurants émanant des institutions de l'Etat. Entraînée dans un jeu politique dénoncé par l'opposition, l'ANP a du mal à convaincre qu'elle n'est pas au service du régime et de personnes comme on le lui reproche avec force depuis le soutien apporté par le chef d'état-major au FLN et à son secrétaire général. Pour l'opposition, la montée au créneau du chef d'état-major est destinée moins à terroriser les terroristes qu'à faire peur aux forces démocratiques qui appellent au changement du système et à l'alternance au pouvoir. C'est le sens qui est donné au durcissement de ton de l'ANP par une partie de la classe politique et de l'opinion, notamment les militants des droits de l'homme qui ont une autre grille de lecture du renforcement du dispositif sécuritaire, notamment dans la capitale. Pour que le chef d'état-major en appelle à la «vigilance permanente», cela signifie que la menace est à son niveau maximum. Les citoyens n'en savent pas plus sur l'ampleur de cette menace qu'ils évaluent à l'aune des communiqués des groupes terroristes. Aujourd'hui, la vue d'un dispositif policier est beaucoup plus associée à une manifestation politique ou sociale à encadrer, voire à réprimer, qu'à autre chose.