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L'académie des sciences et des technologies ou l'autre scandale du siècle !
Publié dans El Watan le 21 - 08 - 2015

La décision de créer dans la précipitation une académie des sciences et des technologies, et la mise en place en catimini de son premier noyau sans consultation préalable ni débat technique avec les personnalités scientifiques nationales engagées directement dans le processus de développement économique de ce pays depuis l'indépendance ont soulevé «moult interrogations légitimes parce que justifiées» au sein de toute la communauté universitaire, au sens large du terme, craignant une énième dérive et une atteinte répétée à l'éthique et la déontologie, cette fois-ci ouvertement orchestrée par les hautes institutions de l‘Etat.
Face aux sollicitations pressantes d'une grande partie du corps professoral et des experts en engineering de grande valeur, en l'absence de toute consultation ni débat de la part du secteur concerné, je suis triplement interpellé, d'abord en ma qualité de professeur d'université depuis plus de deux décennies (dans le grade), ensuite en tant qu'expert et directeur d'un panel pluridisciplinaire d'experts de renom (au sein du cabinet et laboratoire GPDS) actif dans le consulting, la conception, le pilotage et l'assistance technique au niveau des grands projets d'infrastructures lancés dans le pays depuis ces 15 dernières années, et enfin en tant qu'ancien recteur d'université.
Je me devrais donc de réagir pour soulever les multiples dysfonctionnements, les contradictions et les questionnements que suscite cet état de fait :
Pourquoi la création de cette institution et dans quel but ?
Quel est le comité ad hoc, la commission d'experts avérés, l'institution gouvernementale ou le groupe de réflexion dont il est question et qui aurait eu la charge d'esquisser les contours de cet organe ?
Qui a fixé les critères d'évaluation et d'éligibilité, quel en est le mode de sélection ?
Qui a décidé d'octroyer la mission d'évaluation à un soi-disant jury international, dont on ignore tout des CV de ses membres et de leur contribution à l'effort national dans le pays où ils exercent ? Il serait également important de connaître les universités fréquentées par ces membres pendant leurs études de graduation et post-graduation (universités prestigieuses ou universités banales de seconde zone : critère fondamental à travers le monde pour la sélection d'experts).
Concernant le premier point, il est universellement admis que la création d'une académie scientifique de haut niveau n'a de sens que si elle intervenait après la mise en place d'une multitude de pôles d'excellence en matière de recherche fondamentale et appliquée à tous les niveaux, toutes filières confondues avec une obligation de résultats palpables et un impact prouvé sur l'évolution des projets de développement engagés dans le pays depuis l'année 2000, dont le coût exorbitant avoisine les 800 milliards de $ US pour rien. Il faut dire également que ceci doit obligatoirement être sous-tendu par une qualité d'enseignement universitaire indiscutable et un classement honorable des universités selon les normes internationales.
Or, dans le cas de l'Algérie, on essaye toujours, selon l'adage populaire, de «cacher le soleil avec un tamis». Malheureusement, la réalité est tout autre. Voici un inventaire très succinct de l'état des lieux de nos institutions universitaires au jour d'aujourd'hui qui devraient représenter la première des préoccupations des pouvoirs publics en charge de ce secteur et non encore une fois une autre «fuite en avant» inconsistante et incertaine :
a) Nos universités n‘ont pas réalisé le saut qualitatif attendu au regard des moyens colossaux mis en œuvre par les pouvoirs publics. Les responsables de ces institutions, dans leur majorité, n'ont pas la vision indispensable, ni d'ailleurs la conviction d'accomplir convenablement ce pourquoi ils ont été désignés. Il est hélas constaté qu'ils ont placé l'université algérienne au même niveau que celles d'un pays sous-développé, alors que l'histoire nous rappelle qu'elle était l'une des plus performantes dans le monde.
Ces responsables ne se sont distingués que dans la prise en charge des flux d'étudiants (garderie pour adultes), laissant de côté ce pourquoi ils ont été désignés, à savoir la gestion stratégique de l'établissement pour répondre aux attentes de la société par un enseignement de qualité et une recherche pertinente au service du développement du pays.
Ces mêmes institutions universitaires sont dans un état de délabrement avancé où les conditions minimales de pédagogie (la recherche étant totalement absente) et d'hygiène basique requises dans les pays les plus pauvres ne sont pas respectées.
On peut noter également l'absence totale d'espaces de vie et de travail décents pour les étudiants, les enseignants et les travailleurs : un internet à faible débit souvent en panne, des bibliothèques archaïques, des amphithéâtres, salles de cours et bureaux des enseignants sont dans un état pitoyable, etc.
b) Un système LMD (anglo-saxon par essence), plagié directement à partir d'internet et imposé administrativement sans débat national ni environnement adéquat, a engendré des carences majeures au niveau de la qualité de la formation comparé au système classique plus performant essentiellement dans les sciences de l'ingénieur. Le résultat palpable de ce nouveau système appliqué à la hussarde est une inflation sans précédent de diplômes, toutes filières confondues, sans valeur ni reconnaissance à l'étranger.
Par la même occasion, je tiens à saluer le courage et la pertinence de l'actuel ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui, à peine installé, propose une réflexion globale sur ce nouveau système, initiative louable qui, j'en suis sûr, pourrait déboucher sur une refondation dans le fond et la forme de ce programme.
c) Autre défaillance : les jurys de thèses (magistère, master et doctorat) dans leur majorité sont approuvés comme une lettre à la poste par des conseils scientifiques désignés sans compétence aucune. La complaisance et le copinage pratiqués par ceux-ci faussent indéniablement toute évaluation critique structurée du travail de recherche présenté et occultent toute expertise ciblée des bilans annuels de recherche.
d) La majorité des thèses validées sont sujettes à questionnement (absence totale d'un travail de recherche, absence de contribution originale, plagiat, niveau scientifique inacceptable, etc.).
e) Concernant le volet de la recherche scientifique, il très aisé de constater l'absence d'une évaluation interne des labos de recherche. Ces organes, sans valeur scientifique réelle et effective sur le terrain dans leur grande majorité, fonctionnent exclusivement avec des deniers publics. Ils sont saisis par certains pour servir leurs desseins propres face à l'absence d'un contrôle rigoureux.
Quelle est leur contribution et quel est leur impact au niveau du secteur économique (la construction, les hydrocarbures, l'informatique par exemple) ? Il est important de noter que les mêmes projets de recherche sont présentés régulièrement depuis l'année 2000 avec des bilans contestés (très facile à prouver).
Au vu de ce listing non exhaustif certes, des tares et des défaillances majeures de la gestion des ressources humaines, matérielles, de la pédagogie et de la recherche scientifique (largement vérifiables sur le terrain), on ne peut qu'accepter le classement objectif et réel de l'université algérienne positionnée parmi les dernières au monde par les organes internationaux de classement fait selon des paramètres et normes classiques basés en partie sur le listing des carences sus-cité.
Cette situation est plus que vraie, sachant pertinemment que l'université algérienne gérant essentiellement le flux d'étudiants peine à instaurer un climat serein de travail de réflexion et une coopération directe et effective avec le secteur économique et industriel.
Concernant le second volet, l'idée initiale de création de cette honorable structure devrait obéir à un processus pas à pas (step by step) initié en osmose par des groupes de chercheurs et des professeurs de l'enseignement supérieur, ainsi que des experts justifiant d'une activité sur le terrain et d'une expérience avérée dans la conception, la maturation, le conseil et l'assistance technique au niveau de projets réels lancés dans ce pays depuis l'indépendance.
Ce sont ces ressources, existantes dans le pays en nombre et en qualité, à qui reviendrait la charge de dessiner les contours et de fixer les objectifs d'une institution de cette importance.
Concernant le troisième point : le mode de sélection et d'évaluation ainsi que les critères d'éligibilité calqués sur ceux des commissions classiques pour l'accès au grade de professeurs, docents , maître de conférences et agrégation sont fondamentalement erronés. Le système de notation adopté est ridicule, car à ce niveau, un quelconque membre de cette institution devrait jouir d'une compétence irréprochable et par voie de conséquence non quantifiable.
Le futur membre se doit d'être désigné par ses pairs eu égard à son parcours et son savoir-faire reconnu dans le domaine qui est le sien, il représente de ce fait le véritable référentiel en la matière.
Quant au dernier volet, celui du choix d'un Jury international occultant de facto toutes les compétences nationales (complexe d'infériorité constaté auprès des responsables algériens), il est clair que ceci relève des prérogatives et de la stratégie de la direction de la recherche scientifique.
Cette dernière a délibérément opté pour la «cooptation» sans égard aux critères minima de compétence et de prise en compte de l'apport justifié à l'effort national, quel que soit le pays d'origine. Il faut dire que cette direction de la recherche scientifique jouit d'une réputation qui ne doit pas être la sienne.
Elle est très peu encline à affirmer sa présence pour mettre fin à l'activité intense du plagiat et du «copier-coller» dans l'ensemble des segments de la recherche scientifique dans ce pays (voir les différents articles publiés sur la toile et la presse écrite nationale et même internationale concernant les plagiats à grande échelle pratiqués au sein de cette institution). Au lieu de demeurer dans l'immobilité et la stagnation, elle ferait mieux de s'investir dans les missions d'audit et de contrôle des milliers de labos et centres de recherche qui relèvent directement de sa compétence.
Depuis sa mise en place, cette direction éprouve toutes les peines à élaborer le référentiel qualité nécessaire aux activités précitées. Elle demeure de notre point de vue pénalement responsable de l'énorme gaspillage des deniers publics sans aucune contrepartie ni valeur ajoutée pour l'économie nationale.
Et enfin, pourquoi cette volte-face d'exclure les sciences médicales juste après la levée de boucliers des professeurs de médecine, alors que la mouture initiale englobait les sciences en général (sciences médicales, sciences biologiques, sciences technologiques, etc.) ?
Ceci amène aussi à méditer sur les critères d'éligibilité. Au regard du rejet de la non-prise en compte de certaines candidatures de personnalités reconnues et respectées et de l'acceptation d'autres personnes sans valeur intrinsèque ni d'une compétence avérée et surtout sans participation aucune dans des projets d'envergure, force est de constater que même les critères avancés par cette administration n'ont pas été appliqués !
Telles sont les remarques et réflexions que nous suggère cet inventaire très succinct des interrogations et des défaillances qu'il soulève en termes d'indignation et de réprobation de celles et de ceux qui ont toujours placé le développement de ce pays au-dessus de toutes les priorités.
Cet état «de fait accompli» bureaucratique interpelle le Premier ministre pour surseoir temporairement la mise en place de cette académie sous sa forme actuelle et procéder en urgence à la désignation d'un nouveau jury composé de compétences nationales reconnues et en mesure de repenser les bases ainsi que les modèles de structuration de cette honorable institution pour éviter à ce secteur stratégique une gangrène par un nouveau virus qui est celui de la «corruption scientifique et technique».


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