D'abord brancher la machine à l'arrivée d'eau d'une part et au tuyau d'évacuation de l'autre. Ouvrir la machine. Prendre tout le linge, le mettre dans la machine et tasser. Fermer la machine à laver, mettre sur programme couleur, force 8, sans oublier d'enclencher la fonction essorage, puis appuyer sur le bouton marche. On le voit bien, laver du linge n'a pas l'air très compliqué, à peine un peu plus difficile que de le salir. Mais dans le cas qui nous concerne, c'est-à-dire cette opération propreté blancheur visant à juguler la corruption en Algérie, la tâche a l'air rude. Tout ce linge amassé depuis des décennies peut-il tenir dans une machine ? Quelle lessive peut venir à bout de ces taches tellement incrustées dans le système qu'elles sont devenues le système ? Et qui va étendre tout ce linge, où l'étendre, quelle surface pourrait l'accueillir, combien faudrait-il de pinces à linge pour tout tenir ? Si les questions sont d'importance dans un pays où même les bergers allemands sont devenus corrompus et vendent leur maître pour un kilo de viande hachée, les réponses ne sont pas évidentes. Des spécialistes avancent l'idée qu'il faudra plusieurs machines ou tout laver à la main pour que ce soit plus propre, étant entendu que chaque chômeur possède deux mains au minimum. D'autres expliquent qu'il y a tellement de linge sale qu'il est préférable de tout jeter et d'acheter du neuf puisqu'il y a de l'argent. D'autres encore affirment que tout cela ne sert à rien parce qu'il faut d'abord laver la machine à laver avant de mettre le linge dedans. Pour tout compliquer, d'autres enfin sont convaincus qu'il faut avant tout préalable laver l'eau qui va servir à laver la machine à laver. On le voit bien, on ne s'en sort pas. Reste une question fondamentale : a-t-on parlé de la Côte d'Ivoire, ce pays de 322 462 km2, grand producteur de café et de cacao ?