L'Union européenne (UE) n'arrive toujours pas à décider de la forme qu'elle donnera à sa riposte contre la menace terroriste. « Tous les pays membres travaillent ensemble pour dégager une position commune. Rien n'est encore décidé. Mais je peux vous assurer que tout se fera dans le respect du droit international et des droits de l'homme », a indiqué hier M. Gabriel Busquets, ambassadeur d'Espagne à Alger dont le pays assure la présidence tournante de l'UE. La France, qui a mis l'Algérie sur la liste des pays à risque, qui sont au nombre de sept, presse depuis le début du mois les autres membres de l'UE à adopter la mesure liée aux fouilles corporelles dans les aéroports des passagers venant des pays à risque. Réticent sur la question, le diplomate espagnol se contente de rappeler la stratégie européenne de la sécurité, insistant sur l'importance de la sécurité aérienne. S'exprimant au cours d'une conférence-débat tenue au forum d'El Moudjahid, l'ambassadeur d'Espagne rejette l'idée selon laquelle l'UE cherche à s'ingérer dans les affaires des pays du Sahel au nom de la lutte antiterroriste. Il affirme, ainsi, que l'UE œuvre pour aider les pays de cette zone à mieux combattre le terrorisme. Et cela se fait dans un cadre de concertation à la fois bilatéral et multilatéral. « L'UE a des accords de coopération dans le domaine sécuritaire avec les pays du Sahel comme avec l'Algérie et d'autres pays du Maghreb. Elle coopère avec les pays concernés au niveau de la sécurité, sans négliger le développement économique et social. Tout se fait dans la transparence », rassure l'ambassadeur. Questionné sur le conflit du Sahara occidental, le diplomate renvoie les journalistes au communiqué commun adopté le 7 janvier dernier à Madrid, lors de la tenue de la 4e réunion de haut niveau entre l'Algérie et l'Espagne. Il précise ainsi que la position de l'Espagne est « claire ». Elle consiste à soutenir les efforts des Nations unies « afin de trouver une solution juste, définitive et mutuellement acceptable qui garantisse le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui ». Sur le plan bilatéral, l'ambassadeur réaffirme l'importance des relations entre les deux pays, considérant ainsi l'Algérie comme « partenaire privilégié ». Cela, en partie, parce qu'il est le pays qui garantit la sécurité énergétique de l'Espagne. La coopération entre les deux pays, indique-t-il, est concentrée dans le domaine énergétique, rappelant que l'Algérie est le 3e fournisseur de l'Europe en gaz, avec 19% des approvisionnements. Tout en évoquant les projets de nouveaux gazoducs en cours de réalisation qui s'ajouteront à ceux qui relient déjà les deux pays, l'ambassadeur d'Espagne exprime le vœu de l'UE d'accompagner l'Algérie dans sa transition, de poursuivre le dialogue politique, d'encourager le partenariat énergétique et de développer la coopération, notamment en matière d'infrastructures énergétiques, de commerce, de lutte contre le terrorisme et l'immigration clandestine. Sur ce dernier point, le diplomate affirme que son pays œuvre en coopération notamment avec l'Algérie pour faire face aux situations intenables des migrants clandestins. En termes de circulation des personnes, l'ambassadeur souligne la volonté de son pays de « faciliter l'octroi de visas » pour les Algériens. « Nous sommes en pleine discussion avec l'Algérie sur ce dossier et nous sommes disposés à simplifier l'obtention de visas aux Algériens », précise-t-il. Interrogé sur l'avenir de l'Union pour la Méditerranée (UPM) qui tarde à se concrétiser sur le terrain, le diplomate espagnol annonce un éventuel sommet en juin prochain. Comme il évoqu e un sommet Europe-Afrique qui devrait avoir lieu durant le 2e trimestre 2010.