Les services en charge du secteur de l'habitat dans la wilaya de Boumerdès excellent à merveille dans le langage des chiffres. Mais les données qui risquent de déplaire à leur tutelle n'ont jamais été communiquées au grand public. Lors de la célébration de la journée arabe de l'Habitat, lundi dernier, pas un mot n'a été prononcé sur les éternels chantiers et les raisons de leur blocage. La wilaya compte plus de 12 500 chalets et 5000 taudis, dont la plupart se trouvent dans les daïras de Khemis El Khechna, Bordj-Menaiel et Boudouaou. Les 12 000 logements inscrits pour la résorption de ces habitations précaires tardent toujours à être entamés et ce malgré la désignation des terrains devant les abriter et l'octroi des marchés de gré à gré à des entreprises étrangères. «Notre commune a bénéficié de 1500 unités pour l'éradication des chalets. Le projet a été confié à une entreprise chinoise en 2013, mais le chantier n'est pas encore sorti du sol», déplore un habitant au site des chalets BCR de Bordj-Menaiel. Parfois, on met trois ans pour effectuer les études de sol et plus de 10 ans pour construire 50 logements, comme c'est le cas à Ammal, Timezrite qui ont vu la réalisation de 20 appartements chacune en 15 ans. Le directeur du logement, M.Souissi, préfère parler des réalisations. Il fait état de 18 379 logements sociaux qui sont en cours de construction et 2410 non encore lancés. Même la nouvelle responsable de la wilaya, Mme Nouria Zerhouni, s'est montrée satisfaite de ces statistiques qui font abstraction des carences qui retardent la concrétisation des promesses tenues par l'Etat aux milliers de familles mal-logées de la région. En effet, il ne se passe pas une semaine sans que l'ont fasse état d'actions de protestation ça et là à cause de la crise du logement. Même les familles qui ont postulé pour les formules AADL, LSP, LPA ou le LPP sont désappointées et craignent de finir leur vie comme locataires. La wilaya a bénéficié de 7766 unités LSP avant 2010, mais seules 4705 sont achevées, 2160 sont en cours de réalisation et 901 ne sont pas encore entamées. Outre le manque du foncier et d'entreprises performantes, certains projets sont bloqués à cause de l'absence de coordination entre certaines directions de wilaya. Mercredi dernier, de nombreux citoyens de Corso ont observé un sit-in devant le siège de la wilaya pour dénoncer la délocalisation du projet de 150 LSP. «Le terrain devant abriter le programme relève du domaine agricole. On a attendu une année pour entamer les démarches de déclassement. Maintenant, on nous dit qu'il y a une conduite de gaz et d'eau juste à côté», s'indigne un souscripteur qui se demande à quoi servent les études techniques. Ce problème et tant d'autres ont également retardé la concrétisation de 4850 logements participatifs aidés et 8000 unités AADL. À Thénia, on a mis plus de 4 ans pour déplacer une ligne électrique qui passait au-dessus d'un chantier de 40 logements. À Figuier, on est resté deux ans avant de découvrir que l'assiette devant abriter le projet des 800 logts AADL sera traversée par une route à l'avenir. En vérité, ce n'est pas le foncier qui manque. Il y a deux ans, l'APC de Boumerdès a vendu 27 lots au centre-ville et aujourd'hui on tente de refaire «le coup» et distribuer 60 autres lots aux protégés de l'administration locale.