Alors que le nombre de diplômés en médecine ne cesse d'augmenter, on constate a contrario que certaines zones géographiques de la wilaya de Béjaïa demeurent non ou mal couvertes par la présence de médecins et surtout de médecins spécialistes. Ces zones se concentrent particulièrement dans le secteur rural, ainsi que dans les banlieues. Les populations de ces zones enclavées souffrent de précarité dans la couverture médicale, ce qui a poussé certains établissements de santé publique et des associations à organiser des caravanes médicales pour rapprocher les malades des praticiens de la santé. Ainsi, dans la seule région englobant les daïras de Kherrata, Darguina et Souk El Tenine, quatre caravanes médicales ont été organisées depuis le mois de novembre passé et plusieurs autres y sont programmées pour les mois à venir. Le nombre important de consultations pour chaque caravane organisée dénote la difficulté que rencontrent ces populations dans l'accès aux soins. Ainsi, à Merouaha, dans la commune de Kherrata, au début du mois de novembre, durant la caravane médicale organisée par l'EPH, 641 consultations ont été réalisées. Au village de Boulezazen, dans la commune de Melbou, à la fin du même mois de novembre, le nombre de consultations réalisées par les médecins volontaires a été de 376 lors de la caravane médicale organisée par l'association Tidukla n'Tafat de Melbou. Le 22 décembre passé, au niveau de la localité d'Aït-Anane, relevant de la daïra de Darguina, 442 consultations ont été effectuées par les médecins généralistes et spécialistes durant la caravane organisée par l'association Tadukli n'Ait Anane. Durant la caravane organisée les 22 et 23 décembre par l'association Afus N'tafath, au niveau du village agricole relevant de la commune de Souk El Tenine, plus de 900 consultations ont eu lieu. A la lumière des chiffres récoltés, il apparaît que le nombre de femmes prises en charge durant ces caravanes est de loin supérieur à celui des hommes et des enfants. La gent féminine semble la plus exposée et demeure la principale victime de cette déficience en couverture médicale dans ces mêmes zones enclavées. Si certains observateurs suggèrent que l'éloignement des structures de santé publique et la cherté des consultations chez les praticiens privés sont les principales raisons de cette carence, d'autres trouvent que les pratiques sociales profondément ancrées dans la société kabyle, qui font que la femme ne peut se déplacer et se présenter seule pour consulter et subir des bilans, peuvent aussi constituer un facteur aggravant. En tout cas, d'autres caravanes sont programmées dans la région dans les prochains mois, à l'instar de celle qui sera organisée au mois de mars au niveau du chef-lieu de la commune de Taskriout par une association locale en collaboration avec l'AAFMB, qui a déjà visité les lieux et qui compte faire participer un nombre important de médecins pour toucher le maximum de malades. Mais, ces caravanes médicales pourraient-elles constituer une alternative à la désertification médicale de plus en plus criante dans les zones enclavées, ainsi qu'à la carence en structures de santé que connaît la wilaya de Béjaïa ?