Dans le cadre de l'état d'urgence, face aux inquiétudes et aux dérives possibles, des personnalités se sont regroupées pour signer une pétition intitulée : «Encadrer l'état d'urgence, c'est urgent !» Ils notent : «Nous constatons des dérives à la fois dans la désignation des personnes ciblées, qui sont dans leur majorité d'honnêtes citoyens, et dans la façon de procéder, parfois violente. Nous déplorons cette situation qui tend à criminaliser les musulmans et à les désigner comme des terroristes en puissance. Cette démarche est contre-productive, car elle ne permettra pas l'arrestation des vrais criminels par les forces de l'ordre, donnera malheureusement des arguments aux organisations terroristes dont Daech, et nous rappellera inévitablement les dérives de l'état d'urgence voté dans le contexte de la guerre d'Algérie. L'histoire est pleine d'enseignements, nous disons attention !» Plus info : http://www.saphirnews.com/Encadrer-l-etat-d-urgence-c-est-urgent-_a21634.html Région lyonnaise : «restructurer les associations qui ont pu être débordées» Une rencontre inédite, sous sa forme et dans un tel contexte, vient de réunir, autour du préfet du Rhône Michel Delpuech, des représentants du culte musulman de la région lyonnaise (Laïd Bendidi, président du Conseil régional du culte musulman(CRCM), Benaïssa Chana, vice-président, Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon, et Azzedine Gaci, recteur de la mosquée Othmane de Villeurbanne), pour échanger sur les mesures prises dans le cadre de l'état d'urgence et en particulier sur la situation des mosquées dont certaines ont été perquisitionnées, dont une salle de prière fermée à L'Arbresle par les autorités policières. Elle présentait un «risque sérieux d'atteinte à la sécurité et à l'ordre public» et la fermeture visait particulièrement des salafistes, «dont certains en relation avec des individus pouvant se trouver en Syrie», indiquaient la semaine dernière les services de la préfecture relayés par le quotidien gratuit Lyon Plus. Précédemment, c'est à Venissieux qu'une mosquée avait été fermée pour des raisons touchant à la sécurité des lieux et à l'accueil du public. Selon le communiqué commun rendu public samedi à l'issue de la réunion à la préfecture, le représentant de l'Etat et les responsables musulmans ont partagé un même constat : les «dérives (…) ne peuvent pas être acceptées. Ces dérives portent tort d'abord aux musulmans et à l'islam de France. Ces dérives qui se manifestent aussi sur les sites internet et les réseaux sociaux touchent essentiellement les jeunes, proies faciles pour les manipulateurs de conscience. Ces dérives peuvent s'accompagner de discours d'incitation à la haine pouvant porter atteinte à la sécurité publique». De façon plus pragmatique, le préfet a dit «son inquiétude quant à la situation d'un certain nombre de salles de prière et de mosquées». Avec les responsables musulmans, un tour d'horizon a été fait des endroits qui «nécessitent une vigilance commune», sans pour autant qu'elles soient citées dans le texte commun. Les responsables du culte en ont profité pour fait part de leur engagement «de conforter les présidents d'association, imams, qui doivent l'être, restructurer les associations qui ont pu être débordées, les aider à s'entourer de personnalités responsables et de s'engager dans la voie de leur formation». Alors que les personnalités ont souhaité «qu'une attention particulière soit portée au fonctionnement des enseignements dans les écoles ou salles de classe hors contrat avec l'Etat», le préfet a indiqué que les services de l'Etat seraient mobilisés «pour procéder aux contrôles qui s'imposent, notamment au regard des règles relatives à l'accueil collectif des mineurs». Le préfet a aussi réaffirmé «son engagement pour lutter avec détermination contre les actes islamophobes ainsi que contre toutes les formes d'amalgame».