Un militaire, qui projetait d'attaquer une mosquée, a été arrêté près de Lyon avant de passer à l'acte. La communauté musulmane redoute des attentats organisés. Paris (France). De notre correspondante Heureusement qu'il a été arrêté à temps, sinon ça aurait été un carnage le jour de l'Aïd et, derrière, il y aurait eu des émeutes», se réjouit Kamel Arioua, président de l'association Essalem qui gère la mosquée des Minguettes. La communauté musulmane redoute une multiplication d'attentats après la mise en examen d'un militaire qui projetait d'attaquer une mosquée près de Lyon et qui avait lancé l'an dernier un cocktail Molotov sur la mosquée de Libourne, en Gironde. L'homme de 23 ans, interpellé sur la base aérienne de Lyon-Mont-Verdun où il était basé, a été mis en examen et placé en détention préventive pour «détention de munitions de quatrième catégorie en relation avec une entreprise terroriste» et «dégradation de lieu de culte en relation avec une entreprise terroriste». Décrit comme proche des idées de l'extrême droite radicale, il projetait de tirer à l'arme à feu contre la mosquée des Minguettes, à Vénissieux, dans la région lyonnaise, selon le ministère de l'Intérieur. L'homme aurait par ailleurs lancé un cocktail Molotov contre la porte d'une autre mosquée située à Libourne. «Heureusement qu'il a été arrêté à temps, sinon ça aurait été un carnage le jour de l'Aïd et, derrière, il y aurait eu des émeutes. Le fait qu'il soit militaire me choque, il doit normalement être exemplaire. Il est là pour protéger le citoyen français, pas pour lui tirer dessus», a déclaré Kamel Arioua, président de l'association Essalem. C'est là que l'ancien imam de Vénissieux, Abdelkader Bouziane, officiait avant son expulsion et sa condamnation par la cour d'appel de Lyon à six mois de prison avec sursis en 2004, pour des propos favorables au châtiment corporel des épouses infidèles. Fréquenté alors par des salafistes, les autorités du Conseil régional du culte musulman (CRCM) avaient décidé de faire le ménage. «Avant que je n'arrive il y a cinq ans, de nombreux salafistes fréquentaient la mosquée, maintenant ils ne sont là que le vendredi et nous considèrent comme de mauvais musulmans», relate dans les colonnes du Progrès Walid Naas, membre du CRCM de Rhône-Alpes. Pour le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, le projet d'attentat témoigne d'un climat d'islamophobie en France. «C'est inquiétant, il y a aujourd'hui une volonté affirmée de nuire à la communauté musulmane. L'islam aujourd'hui est de plus en plus stigmatisé.» La nouvelle a fait le buzz sur les réseaux sociaux. «Il y a déjà eu deux attaques de mosquées ce week-end dans le Sud-Ouest, ce ne sont plus des actes isolés, on sent qu'il y a toute une organisation qui se met en place.» Sur la Toile, la thèse d'un complot organisé est la plus privilégiée. Sur de nombreuses pages, les appels à la mobilisation se multiplient. «Je tiens à exprimer mon indignation et ma colère face à des desseins meurtriers qui menacent notre République et la vie de ses concitoyens», a réagi dans un communiqué la maire de Vénissieux, Michèle Picard (PCF). Et de fustiger les «propos nauséabonds de leaders nationalistes qui abreuvent les réseaux sociaux de leur haine», citant Alexandre Gabriac dont le mouvement d'extrême droite radicale Jeunesses nationalistes a été dissous le 24 juillet sur décret présidentiel.