Première en France, cette cellule de veille est le fruit de l'immense dégoût qu'avait inspiré l'incendie criminel de la mosquée de Saint-Priest, dans la banlieue lyonnaise, puis celle de Meyzieu. Au plan national, la dénonciation de ces actes racistes avait été forte et, au niveau des instances musulmanes du Conseil français du culte musulman, les propos avaient été acerbes contre ces gestes inadmissibles, fustigeant l'incapacité officielle à réagir alors que pour les actes contre les juifs, l'émotion était toujours forte et structurée par des organismes habilités. Ainsi à Lyon, au sein du conseil régional Rhône-Alpes (CRCM), l'idée s'était faite de mettre en place, au plan national, une instance similaire de surveillance appelée par son président Azzedine Gaci, « un observatoire de l'islamophobie, susceptible de recenser les actes de manière sérieuse et d'analyser les mécanismes et les dynamiques qui favorisent cette nouvelle forme de racisme » (El Watane du 22 décembre 2008). Finalement, le nom sera différent mais un impact certain puisque la nouvelle structure créée le 4 juin a été lancée par le procureur général de Lyon, Jean-Olivier Viout. Lui aussi y était attaché depuis plusieurs mois, indiquant qu'une telle « cellule de veille » serait destinée à pointer et suivre les infractions à connotation anti-musulmane dans la région Rhône-Alpes, et la liste est longue. Cette « cellule » de droit français fait écho, selon le magistrat de la République, aux instances qui existent depuis plusieurs années pour dénoncer les actes antisémites. D'ailleurs, lors de l'installation, le procureur devait rappeler que la nouvelle cellule réunira magistrats et responsables de la communauté musulmane, à l'instar de la cellule qui a été créée pour les infractions à caractère antisémite : « Il n'y a pas de racisme à deux vitesses », a-t-il déclaré, selon le quotidien Le Progrès. Le président du CRCM indique pour sa part : « Il n'est pas question qu'il y ait une hiérarchisation entre les actes racistes, antisémites ou islamophobes. Tout le monde doit être logé à la même enseigne. La création de cette cellule est extrêmement importante en cette période de changements économiques et politiques, où nous constatons que certaines personnes ne se privent pas d'insulter des musulmans dans la rue. Le procureur nous a dit de rien laisser passer et déposer une main courante pour chaque injure ou insulte ». Sept membres de la communauté musulmane vont siéger deux fois par an dans les bâtiments de la cour d'appel de Lyon et la cellule sera « automatiquement » convoquée en cas d'incident. Les entorses au respect des musulmans monteront ainsi vers les procureurs de la région. Pour les musulmans, les membres de la cellule sont Azzedine Gaci, président du conseil régional du culte musulman (CRCM), Benaïssa Chana, vice-président du CRCM, Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon, Laïd Bendidi, aumônier militaire et recteur de la mosquée de Saint-Fons, Farid Khelifi, enseignant au collège-lycée musulman Al Kindi de Décines, Fouziya Bouzerda, avocate et vice-présidente du club Rhône-Alpes Diversité, et Zohra Abderrahmane, expert-comptable et vice-présidente du conseil régional des experts-comptables. Un numéro de téléphone permet de les joindre à tout moment : 06.62.29.60.11.