La presse est-elle vraiment libre et réellement indépendante en Algérie ? Constitue-t-elle un quatrième pouvoir ? Les médias algériens portent-ils des valeurs de modernité ? La situation de la presse reflète-t-elle une bonne santé de la démocratie en Algérie ? Quid de l'application des règles de l'éthique et de déontologie ? Quelle est la situation socioprofessionnelle des journalistes en Algérie ? Ce sont là quelques-unes des questions posées par des étudiants lors d'un très instructif débat sur les médias en Algérie qu'a abrité, jeudi dernier, la salle de conférences de la faculté des langues étrangères. Invités par le département de français de l'université de Mostaganem, Saïd Oussad et Cherif Lahdiri, journalistes et directeurs régionaux Ouest, respectivement de Liberté et d'El Watan, ont, tour à tour, dressé une rétrospective depuis l'ouverture du champ médiatique en Algérie. Ces derniers ont notamment témoigné en évoquant leurs expériences professionnelles et répondu aux multiples questions des étudiants en master spécialisés en rédaction web et médias, se rapportant au métier de journaliste. Le volet lié aux outils et aux techniques de rédaction journalistique a été également évoqué. «Dans un pays aux traditions démocratiques, il n'existe pas une loi sur l'information, c'est du domaine de l'hérésie. Un ministère de la Communication ne doit pas exister dans un pays qui prétend la démocratie et la presse devrait rester encadrée par une charte d'éthique et de déontologie universelle», a affirme Saïd Oussad. «El Watan est un journal d'opinions qui porte les valeurs de la modernité. Il défend toutes les libertés, la démocratie, l'égalité entre les femmes et les hommes, l'identité et la diversité culturelle en Algérie. Le journal a toujours combattu les idées obscurantistes», a souligné de son côté Cherif Lahdiri. «La liberté d'expression est un combat au quotidien. Depuis 2001, la pénalisation des délits de presse est une épée de Damoclès au-dessus de la tête des journalistes algériens. Ces derniers ne cessent de réclamer la dépénalisation totale des délits de presse, condition sine qua non pour la liberté des médias», a noté également le responsable régional d'El Watan. Au-delà du devoir de respecter la charte d'éthique, dont les contours n'ont pas fini d'opposer pouvoir et liberté d'expression, c'est surtout l'aspect rédactionnel et la maîtrise des outils linguistiques (aspect pédagogique de cette rencontre) qui demeurent la préoccupation majeure du département de français, mais aussi le talon d'Achille de cette jeune génération qui, au regard de l'intérêt qu'elle a porté à ces interventions, ne demande finalement qu'à apprendre.