A travers la capitale, les logements sont imposants, les immeubles, qui dépassent les 15 étages, font maintenant parti du décor urbain. A Bab Ezzouar, plus exactement à la cité Zerhouni Mokhtar, les habitants qui ont rejoint les lieux en 2004 dénoncent plusieurs insuffisances. Si de loin les immeubles paraissent cossus, de plus près, ils sont délabrés, la peinture a perdu de son éclat, les murs sont défraîchis. «Depuis notre emménagement il y a plus d'une décennie, les services de l'AADL ne se sont guère manifestés», atteste un habitant. En pénétrant à l'intérieur de l'une des plus grandes et plus hautes tours de cette cité, le manque d'entretien est visible. «Les détritus ont envahi les cages d'escalier», affirme un habitant. Ce même locataire a fourni plusieurs chiffres qui donnent à réfléchir. «Notre immeuble compte pas moins de 15 niveaux, et nous sommes 64 locataires, chaque fin de mois nous devons nous acquitter de 2000 DA pour les charges, ce qui totalise 128 000 DA. Je pense que c'est suffisant pour engager des femmes de ménage qui nettoieront l'immeuble régulièrement», suggère-t-il, tout en s'indignant sur l'absence des services de l'AADL. D'autres problèmes plus importants sont également dénoncés, le plus grave est sans conteste celui des pannes récurrentes des ascenseurs. En effet, selon des habitants, ils tombent constamment en panne. «Nous sommes dans l'obligation de monter parfois les 15 étages à pied et c'est plus grave pour les personnes âgées ou à mobilité réduite, elles restent cloîtrées dans leur maison en attendant la réparation», atteste un père de famille. A Douéra, la cité AADL 1400 Logements commence à montrer des anomalies. En effet, le goudron a perdu de sa consistance et les crevasses, ainsi que les nids-de-poule sont nombreux à l'intérieur de la cité, ce qui a pour effet, en période de pluie, de provoquer des ralentissements. «Les riverains réduisent la vitesse à cause des crevasses gorgées d'eau», signale le jeune homme. Egalement, à l'instar de la cité Zerhouni Mokhtar, les ascenseurs sont en panne. Selon des habitants de l'une des tours, l'ascenseur aurait été réparé par les locataires. «L'ascenseur est en panne depuis 5 ans, alors nous avons décidé de le réparer en faisant appel à une entreprise spécialisée», poursuit-il. L'intervention a coûté 150 000 DA, une somme importante pour des revenus modestes. La troisième cité que nous avons visitée est celle d'El Achour, non loin de Tixeraïne. A l'intérieur, les immeubles ont tous perdu de leur éclat. La peinture blanche et bleue s'écaille, les habitants des derniers étages souffrent de nombreux problèmes. Zinedine, qui habite au 15e étage, dénonce un problème d'étanchéité qui s'intensifie au fur et à mesure que le temps passe : «La pluie érode le toit et les murs, je vais devoir engager des travaux avant que cela ne s'aggrave plus.» Et comme dans les autres cités, le délabrement et les ordures à l'intérieur des immeubles sont visibles. Des odeurs d'urine polluent l'atmosphère d'une cage d'escalier, l'éclairage fait défaut la nuit. «On a entendu des rumeurs sur l'éventuelle arrivée d'entreprises issues de l'Ansej pour la réfection des ascenseurs qui tombent constamment en panne, mais jusqu'à présent, nous n'avons rien vu», s'indigne un autre habitant. L'après-visite Après avoir visité plusieurs cités, le constat est vite fait. Même si les habitants s'acquittent chaque fois des 2000 DA exigés par l'AADL, il n'en demeure pas moins que nul ne sait où va cet argent, qui devrait être engagé au quotidien dans les travaux d'entretien. Par ailleurs, les milliers de propriétaires qui habitent dans ces cités devraient prendre soin de leur cité.Car si nous aimons la propreté et la perfection à l'intérieur de nos habitations, pourquoi ne pas appliquer cet état d'esprit à l'intérieur et à l'extérieur des immeubles afin de pérenniser ce que l'Etat a offert. Au lieu de descendre des centaines de kilos de gravats dans les ascenseurs après les travaux des appartements, pourquoi ne pas améliorer ce qui est déjà à l'intérieur ? Est-ce une question de civisme ou de bon sens ? Est-ce la faute à l'Etat qui ne consacre pas un budget à l'après-acquisition, ou est-ce la faute des habitants qui pour certains ne s'investissent pas dans la préservation de leur cité ?