La campagne pour les élections législatives multipartites du 7 mars s'est ouverte hier en Irak, dans un climat de chasse aux partisans supposés de l'ancien parti Baas qui s'est traduit par l'élimination de centaines de candidats, dont un ténor sunnite au Parlement. Pour ce scrutin, qui intervient quelques mois avant le retrait massif des troupes de combat américaines, près de 19 millions d'Irakiens sont appelés aux urnes pour choisir, parmi les 6100 candidats, les 325 députés qui siègeront au Parlement pour les quatre prochaines années. Des posters à foison et des affiches sont apparus dans tout le pays, à l'exception notable de la ville sunnite de Mossoul, quelques heures après la décision d'un comité de sept juges de ne repêcher que 28 candidats sur les 500 bannis pour leurs liens présumés avec le Baas interdit. Le Comité pour la responsabilité et la justice, créé par le Parlement en 2008 pour poursuivre la « débaassification » et qui est dirigé par deux candidats chiites aux élections, avait disqualifié en janvier plus de 500 candidats provoquant la colère des listes laïques et de la communauté sunnite. Seuls 177 d'entre eux ont fait appel devant sept juges, qui ont rendu leur décision jeudi soir. Parmi les éliminés, deux candidats du bloc irakien de l'ancien Premier ministre laïc Iyad Allaoui : Saleh Al Moutlaq, un ténor sunnite du Parlement et Dhafer Al Ani. « C'est le coup de grâce du processus politique et le suicide de la démocratie en Irak. Je ne pense pas que cette mesure accroîtra la participation au scrutin. Ils ne réussiront pas à nous isoler de notre peuple », a déclaré M. Moutlaq à la télévision. Ces mesures s'accompagnent aussi dans les provinces chiites du Sud, gérées notamment par la liste pour « l'Etat de droit » du Premier ministre Nouri Al Maliki, par le déclenchement d'une campagne d'épuration des administrations locales. Dans la province de Babylone, le gouverneur sadriste Salman Al Zarkani a licencié son premier vice-gouverneur, Iskanker Jawad Watout, candidat du bloc irakien, en invoquant son passé baassiste alors que ce dernier a juré « avoir au contraire été le premier à lutter contre Saddam Hussein ». 6100 candidats A Nassiriyah, le chef de la police a chassé trois officiers supérieurs pour les mêmes raisons et dans les provinces de Wassit, Kerbala, Najaf et Baghdad, les gouverneurs ont annoncé la création de comités d'éviction des fonctionnaires ayant eu des liens avec l'ancien régime. Dans la capitale, les murs, les poteaux électriques et les arbres ont été recouverts d'affiches. « Avec l'aide de Dieu, volonté et changement », affirme la liste de M. Al Maliki, alors que son concurrent chiite, l'Alliance nationale irakienne, assure vouloir « garantir les droits des citoyens ». Chez les laïcs, le ministre de l'Intérieur Jawad Bolani insiste sur « l'unité de l'Irak » et la liste du député nationaliste Mithal Alloussi promet de « réparer ce que les autres ont endommagé ». Dans les régions sunnites comme Tikrit, près de la ville natale de Saddam Hussein, ce sont les affiches du bloc irakien et de Jawad Bolani qui dominent mais dans la province d'Al Anbar, Ramadi est recouvert de posters de la liste Maliki. Dans le sud chiite, c'est la propagande électorale des deux rivaux de l'ANI et de la liste du Premier ministre qui tapisse les rues alors que dans la ville kurde de Souleimaniyeh, la liste kurde des deux grands partis traditionnels se voit concurrencer par la liste dissidente Goran (changement).