Ainsi, les dizaines de jeunes de Boudjellil, animant l'association culturelle locale, Ameziav n-Lahna (la source de la paix), espèrent que leur village émergera –il est le seul à prendre part sur les 11 composant la municipalité d'Irdjen– parmi les participants dans la wilaya en matière de propreté et d'hygiène. Au lancement en 2015 de l'association, les jeunes de Boudjellil avaient comme objectif d'honorer surtout la mémoire des hommes et des femmes que ce village a la fierté d'avoir vu naître en son sein, à l'image du martyr lieutenant Hadni Saïd, dit «Si L'hakim» (1917/1957), de Hamdad Rachid, ancien brillant journaliste, militant de la démocratie et de la justice sociale (1962-2001), ainsi que d'instruire et former les enfants dans le civisme et les valeurs morales ancestrales. Mais, au fur et à mesure que des problèmes s'accumulent pour le village, qui a toutes les possibilités de s'épanouir, pour peu que tout le monde y participe, les filles et les garçons de l'Ameziav n-Lahna ont instauré des règles de conduite en commençant par eux-mêmes et leur famille, d'où une adhésion générale qui a permis une entente entre tous les villageois. Par la volonté de ces dizaines de jeunes garçons et filles, la lumière a jailli de l'étincelle qu'ils ont impulsée ; tous les villageois, notamment les salariés, contribuent, financièrement ou par volontariat, chaque week-end ou chaque jour, à l'appel de l'association, dont les innombrables activités accomplies en son programme ont été financées par ses propres moyens. Car elle ne reçoit pas de subventions, ni de l'APC ni d'autres institutions de l'Etat, «à cause de la crise, nous invoque-t-on à chaque fois», relatent des membres de l'association. Dès l'entrée du village, et ce, qu'on vienne par la route de Adeni (sud), ou par Tala Amara, le visiteur est émerveillé par l'hygiène environnementale, l'hospitalité, la propreté et la décoration des entrées de Boudjellil par des aménagements touchant non seulement le vieux cimetière du village, l'école primaire séculaire, mais surtout les trois fontaines d'alimentation en eau potable. La fraîcheur de l'eau de ces dernières (Tala Ameziav, Tala n-Tagarcift et Tala n-Tramanine), jaillissant des profondeurs du sol de Boudjellil, frigorifiée au naturel, est décidément exceptionnelle. Le trop-plein des réservoirs de ces sources, conçus pour qu'il n'y ait pas de pertes, va utilement dans les jardins des habitants, comme il profite à des dizaines d'automobilistes passant via ce village, et qui n'hésitent pas à y remplir des jerricans. Après l'inscription en avril dernier du village au concours «Rabah Aïssat» de la propreté, les jeunes associatifs ne s'accordent plus de répit. Ils acquièrent du matériel sur leurs fonds propres et en comptant sur le volontariat pour opérer des nettoyages tous azimuts, pendant que la maison de jeunes leur servant de local d'activités est en train de connaître une réelle restauration. Avec la parfaite osmose au sein du village, un fleuriste de Constantine (originaire de Boudjellil), fournit gracieusement à ses concitoyens tout ce dont ils ont besoin en matière de plantes, de fleurs et autres décorations. Dans cette œuvre de salubrité qu'ils veulent répandre au-delà de Boudjellil, le collectif de cette association, présidée par le jeune Mustapha Imine, a instauré une méthode de ramassage et de tri des déchets. Pour ce faire, les principaux quartiers du village ont été dotés, chacun, de quatre poubelles, distinctives par leur couleur, pour y mettre verre, métal, plastique et papier. Des sites de placement de ces rejets ont été dégagés en dehors du village en prévision de la venue de partenaires pour les prendre, les transformer et les recycler dans leurs usines. Ameziav n-Lahna interpelle les autorités compétentes pour lui fournir, avec un minimum de célérité, du matériel et des matériaux dont elle manque sérieusement. «A chacune de nos demandes pour obtenir du ciment, du plâtre, de la peinture, par exemple, il nous faut attendre de mois entiers», déplorent nos interlocuteurs, qui signalent que les écoliers de Boudjellil souffrent de l'absence du ramassage scolaire et de l'éclairage public. «En raison de ces manques, les scolaires et les villageois en général, font près de 3 km à pied pour rejoindre les établissements scolaires à Irdjen, le chef-lieu de la commune». A noter que l'association Ameziav n-Lahna assure, depuis sa création en mars 2015, de nobles activités d'instruction et d'éducation au profit des enfants, grâce à des étudiants, notamment des cours de soutien scolaire, de musique, de dessin (par des bénévoles des beaux-arts), de travaux manuels pour de nombreux citoyens. Conscients des efforts que consentent en permanence les jeunes d'Ameziav n-Lahna, en réalisant de telles prouesses, femmes et hommes de Boudjellil épaulent les membres de cette association dont certains n'ont pas encore dépassé l'adolescence.