Ces affrontements, déclenchés le 17 août, sont les plus violents entre régime et forces kurdes depuis le début de la guerre en Syrie, il y a plus de cinq ans. L'aviation du régime a même bombardé la semaine dernière des cibles kurdes à Hassaké, également une première. Cette ville est contrôlée aux deux tiers par les forces relevant des services de sécurité kurdes (Assayech), le reste étant aux mains des Forces de défense nationale (FDN), la milice prorégime. La présence des FDN y est concentrée dans le centre et le sud et les miliciens sont obligés de passer par des barrages tenus par les Kurdes à chaque fois qu'ils veulent quitter leur zone. Cette situation a provoqué des frictions qui ont dégénéré en affrontements en 2015, mais moins graves que ceux d'hier. Hier avant l'aube et après quelques heures d'accalmie, «les combats ont repris dans les quartiers Ghweirane (sud) et Al Massaken (centre)», a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Dimanche, une source de l'armée syrienne avait indiqué qu'un accord de cessez-le-feu avait été conclu à la faveur d'une médiation menée par des militaires russes à Qamichli, ville au nord de Hassaké. Elle a ensuite accusé les Kurdes de violer l'accord en refusant aux prorégimes un libre passage pour évacuer les morts et blessés vers Qamichli. Mais les Kurdes ont démenti l'existence d'un tel accord. «Les discussions indirectes continuent et nous demandons notamment la dissolution à Hassaké des FDN», a dit un responsable kurde, en affirmant que les forces kurdes n'ont «pas l'intention de contrôler l'ensemble de Hassaké». La dissolution des FDN, accusées de provocation par les Assayech, est la principale revendication des Kurdes. Les raids aériens syriens à Hassaké avaient entraîné jeudi et vendredi derniers une intervention des avions américains pour «protéger» les forces spéciales qui conseillent les combattants kurdes au sol. Moscou, allié du régime qu'il aide militairement face aux rebelles et aux djihadistes, entretient aussi de bonnes relations avec les Kurdes. Profitant de la guerre, les Kurdes de Syrie (15% de la population) ont autoproclamé en mars une «région fédérale» dont Hassaké fait partie, et cherchent à relier les régions sous leur contrôle dans le Nord. Mais le régime entend garder un certain contrôle dans ces zones en y maintenant une présence militaire. Avec ce nouveau front dans le conflit dévastateur, la situation devient plus complexe sur le terrain en Syrie avec une multiplication d'acteurs locaux et étrangers.