Soixante-dix ex-gardes communaux de la commune de Chaâbet El Ameur, à l'est de Boumerdès, viennent d'adresser une lettre au Premier ministre, dans laquelle ils dénoncent leur « licenciement abusif et (leur) mise à l'écart ». Dans la lettre, ces hommes, qui ont largement contribué à combattre le terrorisme dans une région qui figure parmi les plus martyrisées, interpellent les hautes autorités du pays afin d'intervenir et mettre fin à leur calvaire. Ils se disent « lésés car injustement licenciés ». « Notre licenciement du corps de la garde communale est abusif. Nous n'avons même pas été entendus par la commission de discipline qui a tranché notre cas. Celle-ci a simplement prononcé notre radiation des effectifs de ce corps sans même nous entendre », écrivent-ils. Ces protestataires dénoncent également leur « mise à l'écart » qui a suivi ce licenciement. « Nous sommes pointés du doigt et aucun parmi nous n'a été retenu lors des concours de recrutement auquel nous avons pris part par la suite », nous dira un représentant de ces patriotes. Les concernés imputent cette situation « au seul ex-responsable de wilaya des gardes communaux », qui a été condamné, il y a deux ans, à une peine d'emprisonnement pour une affaire de corruption. Ils s'insurgent contre cette situation et refusent d'être aussi mal considérés. « Pourquoi sommes-nous traités de la sorte, nous qui avons combattu les groupes terroristes pour que vive notre pays ? Aujourd'hui, nous sommes oubliés et marginalisés par l'Etat. Les terroristes, dits repentis, jouissent de privilèges tandis que nous, nous ne pouvons même pas postuler à un emploi », s'indigne un autre ex-garde communal, qui dit avoir rejoint les rangs de ce corps de sécurité en 1995, « lorsqu'il n'était pas évident de revenir le soir lorsqu'on sortait le matin ». Vivre dans l'exclusion « Nous avons épuisé nos forces dans la lutte antiterroriste et nous avons traqué, dans les maquis de Zbarbar et de Sidi Ali Bounab, les hordes terroristes. Et maintenant, à l'ère de la réconciliation nationale, nous continuons à vivre dans l'exclusion », dit-il encore. « Ce que nous avons fait, ce n'est qu'un devoir national. Notre pays était en danger et nous avions répondu avec fierté à l'appel de la patrie. Nous ne demandons pas des salaires faramineux ni même des stèles à notre effigie, mais simplement du respect », nous dira ammi Amar, qui habite le village Matoussa. Les protestataires soutiennent que par ailleurs que s'ils acceptent la réconciliation nationale, ceci ne devrait pas se faire au détriment de leurs droits. « Comment peut-on supporter de vivre lamentablement lorsque des terroristes sont élargis et réintégrés dans leurs postes de travail, avec la comptabilisation des années de terrorisme dans le calcul de la retraite, alors que nous, qui avions protégé ce pays de ceux-là mêmes, nous continuons à subir toutes sortes de malheur », écrivent-ils encore. Les gardes communaux déchus demandent aujourd'hui à être « rétablis dans leur poste d'emploi afin de subvenir aux besoins de leur famille ». Ils réclament des compensations car beaucoup d'entre-eux sont sans emploi depuis des années et certains ont contracté des maladies suite à des années de chômage et de pression.