C'est ainsi que résume Akli Talmat, un Algérien établi en Finlande depuis une vingtaine d'années, la politique de ce pays en matière d'innovation. Rappelant que l'encouragement de l'innovation se fait dès la petite enfance, cet ancien cadre chez ABB, qui a réussi à monter son entreprise dans un pays ou la concurrence est rude, relèvera tout au long de notre discussion l'excellence des outils utilisés en la matière. A commencer par l'approche adoptée en termes d'éducation et de pédagogie. «La stimulation commence à l'école», notera-t-il pour commencer. Et ce d'autant que la réputation de la Finlande n'est plus à faire dans ce domaine. Il rappellera à titre illustratif les mesures appliquées à cet effet. «Les élèves sont considérés comme de futurs leaders, de futurs innovateurs et de futurs créateurs. On leur donne la chance de s'exprimer loin de toute pression», résumera-t-il. Les enseignants ne sont pas également lésés. Idem pour les conditions de travail dans les grandes compagnies où l'accent est mis sur la gestion,les systèmes de gouvernance efficaces et la motivation des salariés dès leur insertion dans le milieu professionnel. Bien avant, dès les premiers contacts avec le monde du travail à l'université (via les échanges). Il y a en effet en Finlande, ce qu'on appelle le programme national et européen pour soutenir l'esprit d'entreprise et l'innovation. Ce qui fait défaut en Algérie où les financements sont pourtant là, notamment pour l'encouragement des start-ups. Qu'en est-il justement des leçons à tirer dans ce domaine pour l'Algérie ? Pour M. Talmat, il s'agit de bien examiner l'approche à adopter dans ce domaine et à choisir la meilleure façon de faire pour assurer le succès des projets à long terme. «L'Algérie a l'un des meilleurs supports pour les start-ups, mais seulement financièrement. Ainsi, un programme complémentaire destiné à formation (à tous les niveaux), la gestion, l'orientation et l'accompagnement dans le cas des start-ups sont nécessaires pour assurer le succès de l'entreprise et le remboursement des crédits», dira encore notre interlocuteur pour qui l'acquisition des connaissances en matière de développement des ENR est beaucoup plus important que le transfert des technologies tant prôné par les décideurs. «Acquérir les connaissances en premier lieu puis appliquer le meilleur processus de développement pour avoir le résultat voulu et reclencher la compétence dans la conception, la programmation, l'ingénierie et la gestion, en allant par ailleurs vers des partenaires internationaux ou nationaux réels dans l'innovation et le développement», nous expliquera notre chef d'entreprise. Et ce tout en gardant l'espoir d'un meilleur avenir en Algérie où «nous avons des ressources et des compétences qui peuvent être développées et aller plus loin», précisera-t-il. Comment ? « Faire tout en Algérie et non pas compter éternellement sur le transfert. Car le transfert est à court terme. Or, en Algérie, nous devons créer lentement pour gagner en professionnalisme et en innovation», conclura-t-il, tout en restant confiant sur l'avenir de l'investissement en Algérie. «Malgré la baisse drastique des prix du pétrole, je crois qu'il y aura de grandes opportunités pour les entreprises dans le secteur de l'énergie, l'agriculture et le tourisme, en Algérie », estime en effet M. Talmat à ce sujet.