Peut-on priver deux étudiantes, qui ont consacré plus d'une dizaine d'années à la la préparation d'un mémoire de magistère en psychologie (département de psychologie et des sciences de l'éducation), de soutenir leur thèse pour motif qu'elles ont été réalisées en langue française ? C'est du moins ce qui vient d'arriver à Neffissa Chamek et Fazia Mezouar, toutes deux sommées de traduire leurs mémoire de magistère en langue nationale pour la soutenance. Ce qu'elles ne peuvent réaliser sachant que leur recherches et leurs travaux ont été effectués en langue française. A cet effet, elles ont frappé à toutes les portes pour une éventuelle solution, en vain... Inscrites en magistère en 1991 (Mme Chamek) et en 1994 (Mme Mezaouar), leur cursus reste régi par le décret n°87-70 du 17 mars 1987. L'article 128 (dispositions transitoires) du décret 98 -254 du 17 août 1998 stipule clairement que les postgraduants inscrits à la date d'effet du présent décret, en première postgraduation, ont la possibilité de terminer la formation qu'ils ont commencée dans le cadre du régime des études postgraduées en vigueur avant la publication du présent décret, ils postulent alors pour le diplôme de magistère qui demeure régi par les dispositions du décret n°87-70 du 17 mars 1987. Ces postgradués ne sont donc nullement concernés par l'article 44 du décret n° 98-254 du 17 août 1998 qui stipule que le document de mémoire doit être rédigé en langue nationale. Il peut être également rédigé dans une autre langue, si une autorisation express est accordée par le chef d'établissement, après avis motivé du conseil scientifique. « Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a adressé une lettre au vice- recteur chargé de la postgraduation et de la recherche de l'université d'Alger pour lui signifier que nous pouvons soutenir notre mémoire en langue française s'il nous accordait une autorisation car nous sommes régies par la disposition transitoire. Le conseil scientifique a refusé notre demande et celle du responsable du ministère de l'Enseignement supérieur. Nous ne savons plus à qui s'adresser », expliquent nos deux interlocutrices qui tiennent à préciser que d'autres étudiantes dans la même situation ont soutenu cette année leur mémoire en langue française. Les mémoires des deux étudiantes portent, l'un sur la dysphonie chez le professionnel de la voix de l'enseignant (étude statistique et épidémiologique), et l'autre sur l'impact du retard de langage simple dans l'acquisition de la lecture et de l'écriture chez l'enfant algérien (étude longitudinale et comparative). « Pour la réalisation de nos travaux, nous avons mené durant des années des enquêtes au niveau des établissements scolaires. Nous avons discuté avec des enseignants... Nous avons souffert pour la réalisation de notre travail, mais nous avons estimé qu'un sacrifice pour la science valait la peine, et aujourd'hui... », diront-elles. Signalons que le calvaire des deux étudiantes a débuté en 2001, et ce, lorsqu'elles ont déposé le dossier de soutenance et ont reçu un avis défavorable du conseil scientifique qui n'a pas pris en considération l'avis du ministère de l'Enseignement supérieur. Désespérées, ces deux dernières demandent au directeur de leur institut de revoir sa décision.