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Entretien avec le Professeur Nacéra Zellal
« S'attaquer aux symptômes de l'échec scolaire ne rime à rien »
Publié dans El Watan le 30 - 09 - 2006

Cette universitaire est habitée par la passion de sa spécialité. Elle nous renvoie l'image bénie de ces pionniers de l'éducation du siècle passé. Dans les amphithéâtres, avec ses étudiants, dans les bureaux de l'association scientifique, la Société algérienne d'orthophonie (SAOR) ou dans les locaux du Laboratoire Slancom (Sciences du langage et communication), Nacéra Zellal donne à admirer son attachement à la recherche et à l'enseignement. En pleine préparation d'un séminaire de formation, elle nous livre ses réflexions autour d'un thème qui lui tient à cœur : l'école.
Quel est votre point de vue sur l'échec scolaire ?
On ne peut éradiquer un mal que si l'on en a compris l'origine, faute de quoi, on gaspille des moyens pour y « remédier ». Puisque des termes cliniques comme le mal scolaire, la remédiation… sont régulièrement utilisés dans nos médias pour tenter d'approcher la notion d'école algérienne, expliquons alors les faits à travers l'exemple de la médecine. Le médecin pose un diagnostic différentiel. Il ne se contente pas d'observer uniquement le symptôme. Il observe aussi - et surtout - la genèse de la maladie. Cette démarche est aussi valable en sciences humaines. La pédagogie scolaire se déploie en deux phases consécutives : l'une est dite d'acquisition, allant de 4-5 ans à 8-10 ans. Elle prolonge celle de 0 à 5 ans. L'autre démarre vers la fin du primaire (de 10-12 ans) et se prolonge jusqu'à l'âge adulte : c'est la phase d'apprentissage. Au plan épistémologique, la distinction est claire. La première phase est un processus naturel et spontané, semblable à celui de la croissance des os et des muscles. Quant à la phase d'apprentissage, elle est un processus non spontané. Il est semblable à celui de l'apprentissage de la conduite d'une voiture, autrement dit étroitement lié au bagage cognitif de l'élève en fin du cycle primaire.
Nous sentons là un ancrage dans la théorie du cognitivisme. Quel est l'argumentaire qui plaide en sa faveur ?
Le cognitivisme prône le développement de l'intelligence au contact d'interactions positives et les interactions positives scolaires se font par le langage. Baignons donc l'enfant dans la richesse langagière et culturelle et il y aura réussite scolaire et ce, quel que soit son milieu social. Dès sa naissance, l'être humain est en quête d'autonomie et la maîtrise du langage en est la condition. La genèse de l'autonomie commence dès l'enfance. Elle revêt des formes différentes selon l'âge. L'autonomie du bon boulanger consiste en sa compétence concurrentielle. Celle du bon chercheur en son aisance à convaincre par ses idées (on dit bien « soutenir » une thèse = défendre son opinion). L'autonomie du bon élève se traduit par sa compétence à produire des idées, des opinions, des thèses. Or les idées sont suscitées par le texte écrit et non la phrase préfabriquée du livre de l'école fondamentale. La phrase est le propre de l'oral. Elle ne suscite pas l'hypothèse et l'abstraction, la projection dans le futur. Le texte est le propre de l'écrit et d'auteurs consacrés. Et on ne s'improvise pas auteur ! L'écrit à ses règles, qui ne sont pas celles de l'oral. Règles intralinguistiques (cohérence, cohésion, discursivité, argumentation, abstrait du code, anaphore…) et règles extralinguistiques comme le schéma actanciel qui fait émerger la curiosité, la motivation de l'hypothèse et la construction de la thèse à partir de l'argumentation, d'où projection dans l'abstrait, le futur, l'avenir.
Vous préconisez donc des contenus de programme qui tiennent compte de la psychologie de l'enfant ?
La phrase de l'oral bloque le sens du projet. Or la force qui caractérise l'autonomie réside dans la formulation-réalisation du projet. La vie, c'est le projet. Montaigne écrit dans ses Essais : « Un homme sans projet est à moitié vif. Il dépend d'autrui, il est assisté, se dégrade, se sous-estime et ne jouit pas du respect de l'autre. Il ne peut pas être généreux. » Nous savons que l'homme souffre quand il est incapable d'être généreux. Il devient soit violent soit passif. Il est malade car il somatise. Les exercices de phrases et de structures préfabriquées sont livrés à un enfant à l'âge vulnérable du rêve (la problématique qui fait la base de tout travail de réflexion n'est-elle donc pas un rêve ?), de la curiosité, de la créativité infinie de thèses et d'hypothèses ou raisonnement ou encore préparation à la réflexion et plus tard à la recherche porteuse de la production technologique et scientifique, la production économique, la production de l'autonomie, bref de la paix et du bonheur. La phrase stéréotypée est reçue et traitée de la même manière par tous les élèves. A l'inverse, le texte culturel suggère une infinité d'hypothèses. Ainsi donc, en interaction positive à l'école, l'enfant acquerra l'indépendance d'esprit et ne sera pas influençable. Il se défendra par ses thèses et ses arguments et surmontera toutes sortes de crises. L'homme autonome s'impose et est même capable de se régénérer. Et qu'est-ce qu'une société sereine si ce n'est le produit de plusieurs hommes autonomes.
En milieu scolaire, l'orthophonie reste branchée sur la dyslexie. Qu'en est il de cet handicap dans nos écoles ?
Qu'est-ce que la dyslexie ? C'est un syndrome qui réunit les troubles de l'apprentissage de la lecture. Pour comprendre ce syndrome, il faut donc définir la notion de lecture. En Algérie, il ne faut pas parler de dyslexie. Ce qui est désigné en ce terme, n'est, en fait, que l'un des symptômes d'un mal profond. Lire ce n'est pas déchiffrer des lettres et des mots, c'est comprendre et produire du texte. Or, chez nous, le texte n'existe pas à l'école primaire. Le terme dyslexie est donc tout à fait abusif en Algérie. Le syndrome très fréquent dont vous parlez est la suite tout à fait logique de la spécificité des langues d'enseignement au primaire (arabe-français-anglais) en Algérie. Avant de se prononcer sur les motifs de l'échec scolaire, il faut donc d'abord s'interroger sur ce qui se passe entre les quatre murs de la salle de classe, ce qui se passe au niveau de la motivation scolaire, bref sur la genèse de la motivation au sein de l'école algérienne. Faire un état des lieux des effets de l'échec scolaire et éplucher à n'en plus finir le symptôme et ensuite tenter la remédiation ne riment plus à rien. A présent, il faut expliquer pour intervenir : le soin démarre à partir de l'étiologie et non du symptôme. Soigner les symptômes conduit à la récidive. La psychologie de l'acquisition explique l'échec scolaire alors que la psychologie sociale en décrit les conséquences et les malheurs. L'école est une affaire de pédagogie et non de société. A l'école algérienne, il suffit de mettre à la disposition des élèves le texte d'auteurs consacrés et de bannir la phrase audio-visuelle (avec ou sans images). Par le passé, cette dernière était destinée pour l'enseignement d'une langue étrangère aux adultes. Cela relève de la didactique et non de la pédagogie cognitive. C'est très facile de remédier dans ce sens !


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