Le volume de la production halieutique a été évalué par l'administration de la corporation en 2009 à 12000 tonnes, suscitant ainsi moult interrogations dans le milieu des professionnels qui estiment que ces chiffres sont erronés et dépassent de très loin la réalité. « Le prix de la sardine (entre 200 et 300 DA le kg), soumis à la loi de l'offre et de la demande, explique parfaitement la faiblesse de la production », argumente un membre de la chambre de la pêche. « L'exploitation d'une ressource commune par l'ensemble des pêcheurs, quelque 130 embarcations tous types confondus, de surcroît avec l'utilisation des moyens illicites faisant fi de l'ensemble des conditions nécessaires à la reproduction de cette exploitation, c'est-à-dire sans tenir compte de renouvellement de la ressource, est là le problème primordial auquel nous sommes confrontés », explique Aggab Choaib, le président de la chambre de pêche. Versant dans le même sens, le vice-président de la chambre de pêche Mustapha Hadouchi affirme que la course vers le profit imminent a aveuglé certains patrons pêcheurs qui optent pour la pêche illicite. « Les méthodes de pêche illicites ou plutôt destructives sont nombreuses, allant de la pêche dans les zones de fraie jusqu'à la pêche à la dynamite en passant, bien entendu, par le moyen le plus répandu, à savoir l'utilisation des filets à cordes ou à double poche, dans des zones interdites. Ces pratiques de pêche illicites détruisent les récifs de coraux et les herbiers sous-marins qui ne sont en fait que des espaces où se reproduisent les différentes variétés de poissons ». Avant d'ajouter : « Même la période de repos biologique instaurée par le ministère de tutelle pour assurer une régénération des stocks de poissons n'a jamais été respectée. Conséquence, le poisson sur notre côte se fait de plus en plus rare. La plus grande partie des prises débarquées au port proviennent des eaux marocaines. Les patrons de pêche les plus audacieux s'aventurent dans les eaux marocaines », nous révèle-t-il. Abordant la question de la formation professionnelle, certains armateurs indiquent que la faiblesse des prises à répétition, qui a rendu le poisson de plus en plus cher, est due à l'incompétence des patrons de pêche locaux qui n'ont subi aucune formation pour s'embarquer à bord de bateaux dotés d'un équipement moderne et sophistiqué. Ce déficit contraint certains armateurs à faire appel à la compétence des pêcheurs espagnols à qui ils payent une petite fortune (Un patron de pêche espagnol touche environ 3000 euros). Concernant le programme de relance de la pêche, les professionnels s'accordent à dire que le renouvellement de la flottille, vu la vétusté de la flottille existante, était nécessaire. Cependant, il s'est fait d'une façon anarchique. Ils considèrent que la grande majorité des bénéficiaires du projet n'ont aucune relation avec le métier de la mer alors que les véritables professionnels disposent encore d'une embarcation vétuste. Réagissant à une question relative aux mesures à prendre dans l'immédiat pour conserver et protéger les ressources halieutiques, les membres de la chambre de pêche ainsi que les quelques marins authentiques qui ont pris part à cette rencontre pensent qu'une prise de conscience des marins pêcheurs est désormais impérative car il y va de l'avenir du milieu et des ressources marines.