La couverture médiatique des prochaines élections législatives par les moyens audiovisuels publics et privés a été au centre d'une rencontre qui a regroupé, dimanche, autour du président de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav), Zouaoui Benamadi, le représentant de la Haute instance indépendante de surveillance des élections ( HIISE) et les responsables des chaînes de télévision publiques et privées. Le spectre des chaînes de télévision privées autorisées à couvrir l'événement est limité aux cinq chaînes accréditées disposant d'un agrément, en l'occurrence : Dzaïr TV, Djazaïria, Echorouk, Ennahar, Hoggar. Qu'en est-il de toutes les autres chaînes de Tv privées, particulièrement les chaînes généralistes, illégales aux yeux de la loi, mais tolérées par les pouvoirs publics, puisqu'elles activent normalement et couvrent même les activités officielles et institutionnelles ? Le ministre de la Communication, Hamid Grine, avait anticipé le débat et la polémique sur ce dossier, qui ne manquera pas de surgir à l'approche du lancement de la campagne électorale, en affirmant que le dossier des chaînes privées non agréées est géré par son département ministériel, tandis que les chaînes accréditées relèvent de la compétence de l'Arav. Le ministre avait laissé entendre dans une de ses récentes déclarations que ces chaînes pourraient être associées à la couverture médiatique si elles consentaient à jouer le jeu, à s'inscrire dans le «cercle vertueux» et l'exigence de la professionnalisation dont il a fait son credo. Pour l'heure, tout laisse à croire que cette question n'est pas tranchée, mais rien n'indique pour autant qu'il y a un souhait ardent de la part du pouvoir d'intégrer ces chaînes, qualifiées de clandestines, dans le dispositif. Les craintes exprimées par les pouvoirs publics par rapport à ces télévisions tiennent-elles à leur contenu éditorial qui ne cadre pas pour certaines d'entre elles avec le discours officiel ? A l'absence d'assise juridique ? A la hantise de voir ces espaces transformés en machines électorales échappant à tout contrôle au profit de candidats et de forces politiques non désirées ? Il apparaît pour le moins suspect que le pouvoir, qui s'est fort bien accommodé de ces télévisions non agréées, découvre, soudainement, leur dangerosité pour la sérénité de la prochaine campagne électorale. Les notions de risque et de menace semblent bien être appréciée à l'aune des contingences et des enjeux politiques. C'est pourquoi, il est très peu probable que le pouvoir cède sur cette question au risque d'être emporté par le tsunami médiatique qu'il aura du mal à domestiquer et à contrôler dans le feu de la campagne électorale. Autoriser ces chaînes à couvrir la campagne électorale, c'est offrir sur un plateau en or d'autres espaces pour l'opposition et pour les partisans du boycott avec toutes les conséquences sur la fabrication des opinions et par conséquent sur les résultats du scrutin. Tout plaide donc pour que ces chaînes soient mises en mode veille, voire hors service pour les prochaines élections législatives. Ce qui est déjà certain, c'est que quel que soit le degré du verrouillage médiatique imposé, les franges de l'opinion et des forces politiques qui ne trouveront pas leur marque en interne dans les médias locaux, se rabattront sur les télévisions étrangères, dont la chaîne Al Magharibia qui n'a pas besoin du quitus de l'Arav ou du ministre de la Communication pour donner la parole aux opposants et aux déçus du système.