Après une accalmie de quelques semaines, la capitale libyenne renoue avec l'insécurité. Le trafic aérien à l'aéroport de Meitiga à Tripoli a été perturbé, mardi soir et hier, en raison de violences. Les vols ont été suspendus hier matin avant que l'aéroport n'annonce la reprise du trafic en début d'après-midi. Selon la presse locale, les affrontements ont opposé des groupes armés qui contrôlent cette base aérienne militaire, transformée en aéroport civil après la fermeture de l'aéroport international de Tripoli, détruit par les violences durant l'été 2014. Des échanges de tirs ont eu lieu devant l'aérogare ainsi que sur le parking. Les causes de ces violences n'étaient pas connues. Les accrochages ont fait au moins 5 morts et 25 blessés parmi les civils, une roquette s'étant abattue mardi sur une plage en face de l'aéroport, selon un bilan du ministère de la Santé. La capitale libyenne est sous la coupe de dizaines de milices et en proie à une insécurité chronique. Le gouvernement d'union nationale (GNA), installé en 2016, ne parvient toujours pas à asseoir son autorité dans le pays. Cet incident survient quelques jours après le bref enlèvement, le 28 juin dernier par des hommes armés, de sept membres de la mission de l'ONU en Libye (Manul), après une attaque contre leur convoi, dans la ville de Zawiya (50 km à l'ouest de Tripoli). La Manul est basée depuis à Tunis, mais ses membres effectuent régulièrement des missions en Libye. La mission comptait cinq hommes : un Malaisien, un Roumain et trois Libyens ainsi que deux femmes, une Egyptienne et une Palestinienne. Un membre du Parlement libyen, Abdallah Al Lafi, a participé aux négociations ayant abouti à la libération du personnel de l'ONU. Selon lui, les assaillants ont enlevé les missionnaires dans le but de négocier la libération de proches détenus à Tripoli. Les membres de la mission de l'ONU étaient en route de Tripoli vers la ville de Sorman pour visiter un centre de rétention de migrants, quand ils ont été attaqués sur la route, au niveau de la ville de Zawiya. Depuis le renversement de Mouammar El Gueddafi en 2011, les représentations diplomatiques et les diplomates en Libye sont régulièrement la cible d'attaques et d'enlèvements. En 2014, la plupart des missions diplomatiques, dont celle de l'ONU, ont quitté le pays à cause de la recrudescence des violences. A l'est du pays, la situation reste également très volatile. A Benghazi, 44 soldats des forces loyales au maréchal Khalifa Haftar ont été tués en un mois de combats contre des groupes présentés comme terroristes. Les soldats ont été tués dans les quartiers d'Al Sabri et Soug Al Hout, derniers bastions des terroristes à Benghazi, a précisé à la presse Hani Al Aribi, porte-parole du ministère de la Santé des autorités parallèles de l'est du pays. Le maréchal Haftar a appelé ses troupes cette semaine à accélérer leur progression pour «libérer totalement la ville de Benghazi des terroristes». Depuis le printemps 2014, l'ANL livre une guerre sans relâche aux groupes terroristes parmi lesquels figurent notamment des membres présumés de l'organisation Etat islamique (EI) et d'autres proches d'Al Qaîda. A rappeler que deux autorités se disputent le pouvoir en Libye : un gouvernement d'union nationale basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale et une autorité non reconnue dans l'est du pays à laquelle est lié le maréchal Haftar.