Le nouvel émissaire de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, s'est engagé hier à Tripoli à mener sa mission dans le respect de la souveraineté libyenne, lors de sa première visite dans ce pays miné par les rivalités et l'insécurité. M. Salamé, de nationalité libanaise, a été nommé le 22 juin par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres comme son nouveau Représentant spécial et chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul), succédant à l'Allemand Martin Kobler. M. Kobler, même s'il a parrainé un accord ayant permis l'installation à Tripoli d'un gouvernement d'union (GNA) reconnu par la communauté internationale, n'a pas réussi à mettre un terme aux luttes de pouvoir et combats entre milices qui persistent dans le pays depuis la chute du régime de Maâmar El Gueddafi en 2011. Après son arrivée à l'aéroport de Mitiga à Tripoli, M. Salamé s'est entretenu avec le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, et le chef de la diplomatie Mohamad al-Taher Siala. «J'assume mon rôle dans le plus grand respect de la souveraineté nationale, l'indépendance et l'unité de la Libye», a déclaré ensuite M. Salamé lors d'une conférence de presse conjointe avec ses interlocuteurs. Dans un tweet diffusé sur le compte de la Manul, l'émissaire onusien a indiqué avoir eu une rencontre «constructive» avec M. Al Sarraj sur les «défis économiques, politiques et sécuritaires» en Libye. «Nous avons convenu de l'urgence de mettre un terme aux souffrances des Libyens», a-t-il ajouté. M. Salamé avait assisté fin juillet en France aux rencontres entre les deux principaux protagonistes du conflit en Libye, le civil Al Sarraj et le militaire Khalifa Haftar, qui s'étaient engagés à rétablir la sécurité et à organiser rapidement des élections. Appuyé par un Parlement élu et un gouvernement parallèle, le maréchal Haftar est l'homme fort de l'est libyen où le GNA ne parvient pas à étendre son influence. Pays riche en pétrole, la Libye a sombré dans le chaos depuis 2011: plusieurs autorités rivales et des myriades de milices se disputent le pouvoir, la menace jihadiste reste présente et les trafics d'armes et d'êtres humains prospèrent. Quant aux Libyens, leur quotidien est devenu un vrai calvaire, rythmé par des pénuries d'électricité, de carburant, d'eau et une hausse vertigineuse des prix. «Il est important d'aller de l'avant et de compléter ce que nous avons commencé», a déclaré de son côté M. Sarraj. «Nous avons évoqué la feuille de route, les résultats de la réunion» en France. Il a également invité la Manul à retourner en Libye «le plus tôt possible» pour apporter un soutien humanitaire mais également «technique» en vue de l'organisation d'un référendum sur le projet de Constitution et des élections présidentielle et législatives. M. Salamé a rassuré le chef du GNA sur le retour progressif des différentes agences des Nations unies opérant en Libye, qu'elles ont été contraintes de quitter en 2014 à cause des violences.