Une haute tension, marquée par des heurts et des affrontements entre des citoyens palestiniens et des forces de l'armée israélienne, règne depuis dimanche dans la ville sainte d'El Qods, lorsque les autorités de l'occupation israélienne ont mis en place des portiques électroniques, pour la détection de métaux, au niveau des portes menant vers l'Esplanade des Mosquées et la mosquée Al Aqsa. Les autorités religieuses palestiniennes ont immédiatement refusé ce nouveau fait accompli israélien dans un lieu où elles ne reconnaissent aucune souveraineté de l'occupant. Depuis, les Palestiniens se rassemblent quotidiennement devant les portes menant à la mosquée Al Aqsa où ils font leurs prières. Les forces israéliennes présentes en grand nombre dans la ville sainte n'hésitent pas à les charger et les disperser à coups de matraque, de bombes lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Ces heurts ont déjà fait des dizaines de blessés parmi les citoyens palestiniens, dont Mustapha El Barghouti, secrétaire général du mouvement L'Initiative palestinienne, l'imam de la mosquée Al Aqsa, Aakrema Sabri, hospitalisé après avoir été atteint par une balle en caoutchouc à la poitrine et blessé par des coups de matraque à la tête. Les forces israéliennes ont arrêté plusieurs citoyens, dont le mufti d'El Qods et des Territoires palestiniens, Mohamed Hussein. Les heurts et les affrontements ne se sont pas limités aux environs de l'Esplanade des Mosquées, mais se sont propagés à travers toute la ville d'El Qods (Jérusalem-Est), occupée et annexée par Israël en 1967. Aucune prière n'a été accomplie dans la mosquée Al Aqsa depuis l'imposition israélienne de détecteurs de métaux au niveau de ses portes, ce qui a fait monter la colère des fidèles et de l'ensemble des Palestiniens. La direction du wakf islamique a décidé de fermer toutes les moquées d'El Qods, vendredi, appelant les fidèles à se diriger vers la mosquée Al Aqsa pour faire la prière devant les portes de l'Esplanade des Mosquées. Ce grand rassemblement fait craindre le pire, particulièrement si les autorités israéliennes s'obstinent à maintenir les mesures sécuritaires et ne pas enlever les portiques électroniques. Les factions palestiniennes participent aux efforts de mobilisation des citoyens en lançant des appels à des rassemblements et des marches de colère contre la politique israélienne du fait accompli dans la ville sainte d'El Qods et particulièrement sur l'Esplanade des Mosquées. Loin de vouloir calmer une situation, jugée par les observateurs, d'explosive, les autorités de l'occupation ont permis, hier, à 126 colons de pénétrer sous haute surveillance militaire dans l'Esplanade des Mosquées, totalement vide. Sur le plan diplomatique, les réactions aux tentatives israéliennes d'imposer leur souveraineté sur l'Esplanade des Mosquées, au niveau du monde musulman, sont plutôt timides. La majorité des pays arabes ne se sont pas exprimés au moment où Israël prétend que les mesures prises à El Qods l'ont été après consultations avec plusieurs pays arabes, sans les citer. La Jordanie, gardienne des lieux saints à El Qods, a rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv en guise de protestation. Avec l'ampleur que prend le mouvement de protestation populaire dans l'ensemble des Territoires palestiniens occupés, on se croirait en pleine Intifadha. L'Etat hébreu est-il prêt à affronter une troisième grande Intifadha palestinienne avec tout ce que cela comporte comme risque de déstabilisation dans une région déjà embrasée ? Ce n'est pas sûr, surtout lorsqu'on entend des voix importantes comme celles du Shabak, le service de renseignement israélien intérieur, qui appelle à supprimer les portiques électroniques. D'ailleurs, hier, en fin d'après-midi, des médias israéliens ont commencé à parler de dialogue entre Benyamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, et les membres du cabinet sécuritaire restreint sur le maintien ou non des récentes mesures sécuritaires dans la ville d'El Qods. Les mesures israéliennes, dont la mise en place de détecteurs de métaux devant les portes de l'Esplanade des Mosquées, ont été décidées par Israël après une attaque palestinienne armée vendredi passé à ce même endroit, ayant fait deux morts parmi les soldats israéliens. Les auteurs de l'attaque, trois citoyens «israéliens», communément appelés «Arabes d'Israël», d'origine palestinienne, de la ville de Oum El Fahem, située au nord d'Israël, ont été tués à leur tour dans l'accrochage armé avec des soldats de l'occupation israélienne.