Il s'agit d'une rencontre axée notamment sur un débat autour des mécanismes susceptibles d'aboutir à un statut politique particulier pour la Kabylie. Belkacem Boukherouf, enseignant à la faculté des sciences économiques de Tizi Ouzou, a estimé dans sa communication que «le choix politique dépendrait du modèle économique du pays». «On ne peut pas bâtir une économie forte s'il n'y a pas de libertés humaines. Il faut la participation populaire qui donne plus de représentativité au processus de prise de décision», a-t-il souligné avant d'insister sur la justice sociale et l'égalité des chances pour chaque citoyen. «L'humain doit être considéré comme axe fondamental pour développer l'économie et réhabiliter la confiance sociale», a-t-il précisé en mettant l'accent sur l'économie solidaire qui se manifeste de manière récurrente en Kabylie. L'intervenant a souligné l'exemple de la mobilisation citoyenne pour des quêtes d'argent initiées par les populations de la région au profit des malades, comme il a parlé aussi de l'exemple de la solidarité des populations lors des derniers incendies enregistrés en Kabylie. M. Boukherouf a plaidé également pour l'encouragement de la performance et de l'innovation. «Le développement de l'idée de l'excellence par la recherche et l'innovation est indispensable. La femme doit participer dans les mécanismes de génération de la valeur», a-t-il expliqué. De son côté, Saïd Chemakh, enseignant au département de langue et culture amazighes de Tizi Ouzou, a donné une conférence sur la politique linguistique. Il a ainsi mis en relief la nécessité de généraliser l'enseignement de tamazight à partir du préscolaire. «Il faut intervenir par des moyens pacifiques pour généraliser l'enseignement de tamazight et l'‘‘amazighisation'' des matières fondamentales dans le système éducatif comme l'éducation civique, l'histoire et la géographie. Dans les universités, l'enseignement de certaines spécialités comme la psychologie et les sciences politiques doit se faire en français», a-t-il dit avant de rappeler que «dans le rapport de l'année 2009 de l'Unesco, tamazight est classé comme langue moribonde. D'ailleurs, d'ici 2050, si rien n'est fait pour adapter notre langue aux nouvelles technologies, elle va disparaître». Durant les débats, Idir Aït Mammar, ancien délégué des Arch, a fait remarquer que «l'économie est un enjeu capital». «Il est inéluctable de trouver des instruments pour convaincre les citoyens que nous pouvons vivre avec l'autonomie de la Kabylie», a-t-il souligné. Ouzna Moula, élue à l'APW de Tizi Ouzou, a dit, pour sa part, que «les citoyens doivent être armés d'intelligence». «Je suis élue à l'APW depuis 20 ans, et je constate que tous les chiffres qu'avancent les décideurs sur les enveloppes allouées à notre wilaya sont faux. Donc, il est impossible de faire fléchir le pouvoir. Au contraire, nous l'avons accompagné dans son action», a-t-elle martelé. Hamou Boumedine, coordinateur du RPK, a expliqué les objectifs de cette rencontre comme il a rappelé les principaux axes sur lesquels s'articule son mouvement. Tahar Khouas, membre fondateur du RPK, a déploré la décision du chef de daïra de Tizi Rached d'interdire la tenue de cette rencontre à l'auberge de jeunesse Laïmeche Ali. Par ailleurs, parmi les présents à cette rencontre, on peut citer, entre autres, Hend Sadi, universitaire et ancien animateur du MCB, Arezki Aït Larbi, détenu d'Avril 1980 et militant des droits de l'homme, Mahfoudh Bellabès, ancien président de l'APW de Tizi Ouzou, et des représentants du Manifeste des militants pour les libertés démocratiques, un mouvement qui a vu dernièrement le jour en Kabylie.