La consécration de la langue tamazight au statut de langue officielle dans l'avant-projet de révision de la Constitution constitue un acquis important. Il est le fruit d'un long combat, pour reprendre un animateur du Mouvement culturel berbère (MCB), et ancien cadre du FFS, Saïd Khellil, depuis le mouvement national jusqu'aux jeunes générations qui ont successivement repris le flambeau. Toutefois, a-t-il estimé, «le temps est, désormais, à l'accompagnement de cette langue pour son rayonnement, son épanouissement et son unification». «L'officialisation de la langue tamazight et la création d'une académie, n'est que la consécration d'un long combat que les militants ont mené. C'est la consécration de la lutte menée par des générations au prix d'énormes sacrifices. C'est aussi l'aboutissement de la joute menée par Benaï Ouali, M'barek Aït Menguellat, Amar Ould Hamouda, Laïmèche Ali, Mouloud Mammeri et tant d'autres. C'est le fruit de l'engagement», a indiqué, M'henna Boudinar, le président de l'association des enseignants de tamazight de la wilaya de Tizi Ouzou. «Avec l'officialisation de tamazight, c'est une page qui vient d'être tournée et c'est encore le peuple algérien qui se réconcilie avec son histoire», a-t-il fait observer. Par la voix de Ahmed Aït Bachir, le manifeste kabyle, un mouvement qui revendique «un statut politique particulier pour la Kabylie dans une Algérie multiculturelle», la décision de l'officialisation de tamazight intégrée dans la nouvelle Constitution constitue «une réparation d'une injustice de l'Etat majeure envers les millions de citoyens locuteurs en tamazight au même titre que la langue arabe». Avec l'officialisation de tamazight, l'Algérie va enfin être réconciliée avec son histoire, sa matrice identitaire, a estimé, pour sa part, Mahmoud Boudarène, ancien député (RCD) et docteur en psychiatrie. «L'Algérie va s'enrichir de sa diversité et n'en pourra que mieux se porter. Si je suis satisfait de cette avancée démocratique dans notre pays, j'attends le reste de la nouvelle mouture de la loi fondamentale pour me réjouir pleinement», a-t-il écrit sur sa page facebook. Maintenant que tamazight est désormais langue nationale et officielle, les formations politiques qui ont longtemps porté cette revendication, se doivent de revoir leur copie, s'agissant, notamment, du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), une structure qui active dans l'illégalité, qui a fait de cette revendication un fond de commerce. Depuis les événements d'avril 1980, communément appelés, printemps berbère, la revendication identitaire a connu des avancées notamment en 1995 avec la création du Haut commissariat à l'Amazighité, à la suite de la grève du cartable de la rentrée scolaire 94/95, et en 2003, avec la promotion, par le président de la République, de tamazight au statut de langue nationale, à la suite des tragiques et douloureux événements d'avril 2001 (printemps noir) qui ont endeuillé la Kabylie.