L'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, affirme que le gouvernement est dans une impasse qui n'augure rien de bon pour le pays. S'exprimant hier dans les colonnes du journal El Khabar, cet économiste de formation assure que le recours du gouvernement Ouyahia au financement non conventionnel n'a pas été un choix, mais plutôt une contrainte qui en dit long sur l'état de l'économie nationale. «Le gouvernement dit qu'il refuse de recourir à l'endettement extérieur et choisit le financement non conventionnel. La réalité est que le gouvernement sait qu'il ne trouvera pas de crédits sur le marché extérieur pour la simple raison qu'il n'a pas de garantie à fournir», a-t-il affirmé. Pour M. Benbitour, pour bénéficier d'une ligne de crédit à l'extérieur, il faut satisfaire certaines conditions de solvabilité. Or, l'Algérie en l'état actuel ne pourrait pas satisfaire de telles conditions, a-t-il assuré sans fournir plus de précisions. L'ancien chef de gouvernement et ex-candidat à la présidentielle de 2014 poursuit en critiquant vertement le recours à la planche à billets qui mettra à mal le pouvoir d'achat des Algériens. Le financement du déficit par le recours à la planche à billets est une erreur pour lui. «Ce financement va générer une grave inflation de trois à quatre chiffres. Cela veut dire que les prix des produits de consommation connaîtront des hausses astronomiques. La Serbie, dont la monnaie s'appelle aussi dinar, a vécu cette situation. L'inflation avait fait qu'un kilogramme de pomme de terre était passé de 4000 dinars à 17 milliards de dinars serbes», a-t-il averti, estimant que la crise à laquelle l'Algérie est confrontée est pire que celle des années 1980. Ahmed Benbitour avait déjà mis en garde contre l'aggravation du déficit, lui qui n'a cessé d'alerter sur l'importation de la pauvreté et l'exportation de la richesse en faisant allusion à la dépense outrancière des exportations en hydrocarbures. Il avait fait état de la situation des équilibres financiers extérieurs sur les quatre dernières années. «Les recettes des exportations d'hydrocarbures sont tombées de 63 milliards de dollars en 2013 à 27 milliards de dollars en 2016, perdant 57% de leur valeur en quatre ans. En contrepartie, la facture des importations de marchandises est tombée de 55 milliards de dollars en 2013 à 49 milliards de dollars en 2016, enregistrant une perte de valeur de 11% en quatre ans», avait-il souligné dans une précédente contribution à El Watan. Pour l'ancien chef de gouvernement, cette crise est la conséquence directe de «la grande dépendance de l'extérieur et de la vulnérabilité de l'économie algérienne dues, essentiellement, à la mauvaise gouvernance et à l'absence de planification».