Le FLN est-il considéré dans le paysage politique national comme un parti politique qui a les mêmes droits et les mêmes devoirs que les autres formations politiques ? En d'autres termes, le FLN a-t-il un statut particulier forgé beaucoup plus par sa proximité avec le pouvoir que par les scores électoraux qui ne constituent pas l'indicateur le plus significatif pour expliquer pourquoi les assises du FLN sont toujours présentées comme un événement politique national ? Le FLN est, certes, de par son statut de plus vieux parti, la formation la mieux structurée au plan organique. Son ancrage national est demeuré une réalité, même si, à l'épreuve du multipartisme et des bouleversements politiques qu'a connus le pays au cours de ces deux dernières décennies, il a beaucoup perdu de son influence et de son aura dans la société. Cela en troquant son héritage historique de parti du peuple, de parti populaire, contre un nouveau statut de parti de militants, composé d'anciens « FLNistes » pétris aux valeurs du FLN de Novembre 54, mais aussi d'opportunistes, anciens et nouveaux, qui continuent de voir dans le parti un moyen d'ascension sociale et un tremplin politique. En refusant de déposer au musée de l'histoire la marque de fabrique du FLN historique, avec la bénédiction du pouvoir, à sa tête le président Bouteflika, intronisé président d'honneur du parti, les dirigeants du FLN ont assuré l'essentiel pour se maintenir en pole position dans l'échiquier politique national à travers l'instrumentalisation de la légitimité révolutionnaire et le confort politique qu'offre sa position privilégiée au sein de la majorité présidentielle. S'il y a encore des esprits crédules qui n'ont pas compris cela, il y a des signes qui ne trompent pas et qui confirment le statut particulier dont jouit toujours le FLN dans les sphères du pouvoir en tant que parti du pouvoir et au pouvoir. Sinon, comment expliquer ce battage médiatique de la télévision qui s'est mobilisée comme au bon vieux temps du parti unique pour couvrir ce congrès, comme elle ne l'a fait avec nulle autre formation politique ? Depuis quelques jours, le FLN n'a pas cessé de s'inviter copieusement en prime time au Journal télévisé. Fait inhabituel : l'ENTV a même jugé important de couvrir les cérémonies d'accueil des invités étrangers du FLN et de faire, à la veille du congrès, un gros plan sur la coupole du 5 Juillet qui a abrité les travaux. Au plan médiatique, l'effet amplificateur de l'événement a été pleinement assuré. Tout a été minutieusement calculé et préparé pour ancrer dans les esprits l'idée que le FLN est toujours le parti-Etat. Un mot d'ordre plus que jamais mobilisateur par ces temps de crise. En chargeant le secrétaire général de la présidence de la République de lire en son nom un message devant les congressistes du FLN, le président Bouteflika a confirmé ce lien organique et politique qui a toujours lié le FLN au pouvoir .De la même façon, il a, d'une certaine manière, pris option sur l'avenir et balisé le champ politique en invitant le FLN a placer ses assises sous les auspices de la « fête de la victoire ».