C'est ce qui a désarçonné certains, parmi le public, sans culture théâtrale. Ma bqat hadra joue en outre sur du déjà-vu, emmagasiné par la mémoire visuelle du spectateur. Cela va du policeman à la carrure d'armoire à glace des films de Charlie Chaplin, des cartoons à la Tex Avery, de la marionnette habillée, de la pantomime, du farcesque et du clownesque au point que Charchal a été accusé de plagiat lors du débat concernant un tableau. A cela, l'auteur metteur en scène a mis au défi le débatteur d'en livrer la preuve irréfutable, ajoutant que le théâtre algérien n'a rien créé de spécifique et qu'il ne fait que revisiter ce qui a été fait en Europe. Intervenant à sa suite, un de ses comédiens a témoigné que Charchal leur a donné des indications sur ce qu'il voulait d'eux et que ce sont eux qui ont composé les personnages. Il reste qu'il est paradoxal que les plus grands cinéastes se plaisent à revendiquer que dans tel ou tel plan, ils se sont inspirés d'un film d'Orson Wells ou d'Hitchcock sans que cela prête à scandale, alors qu'au théâtre, en Algérie, les accusations de plagiat sont monnaie courante. Que décidera le jury si jamais il était saisi ? Toujours est-il que le spectacle est une réussite, menée sur un rythme trépident. Les différents types de comiques (de situation, de mots, de gestes et de caractères) irriguent le spectacle, avec des personnages représentatifs des différents types de petites gens. Il y a le puceau, l'effronté et jusqu'à l'islamiste. Il est sans barbe parce que le spectacle, malgré les caricatures qu'il dessine, est dans la suggestion plutôt que dans la démonstration. Leurs byzantines discussions tournent aux morceaux d'anthologie truffés de calembours. Parions qu'on s'en souviendra plus tard.