L'assemblée générale convoquée dans un grand hôtel de Fiumicino, le principal aéroport de Rome, a tourné à la mauvaise farce. Et après quatre tours de scrutin, le vainqueur a été… le vote blanc. Deux des trois candidats, le président de la Ligue amateurs, Cosimo Sibilia, et celui du syndicat des joueurs professionnels, Damiano Tommasi, ont en effet donné cette consigne à leurs troupes avant le ballottage opposant Sibilia au troisième larron, le président de la Lega Pro (3e division), Gabriele Gravina. Celui-ci, qui a refusé un accord de dernière minute avec Sibilia, a obtenu 39,06% des voix. Sibilia en a reçu 1,53% et les votes blancs sont montés jusqu'à 59,09%. Ce résultat rend probablement inévitable une mise sous tutelle de la FIGC par le Comité olympique italien, dont le président, Giovanni Malago, avait encore demandé dimanche un report du scrutin. Car deux mois et demi après la traumatisante élimination de la Nazionale en barrage d'accession à la Coupe du monde face à la Suède, l'Italie du football se retrouve donc sans président de Fédération, sans président de Ligue et sans sélectionneur. «L'assemblée n'a pas produit de résultat et il faudra recommencer de zéro. Nous avons passé une belle journée ensemble», a conclu le président de séance, Pasquale de Lise. Tommasi va au bout Cette «belle journée», débutée par une standing ovation pour le président démissionnaire, Carlo Tavecchio, a en fait été une journée de confusion absolue, faite de tractations dans les ascenseurs et les toilettes du palace, sous l'œil de journalistes italiens consternés, répétant : «quel spectacle !». Au lendemain de l'élimination de sa sélection, toute l'Italie du football avait pourtant réclamé une révolution et une vaste réflexion sur l'état du «calcio». Ce n'est pas le message qu'a envoyé la campagne électorale, centrée sur la question des candidatures et des possibles alliances, et qui a laissé très peu de place aux programmes et aux propositions. Pour beaucoup d'observateurs, le fiasco de lundi était redouté mais prévisible. Gravinia et Sibilia, les deux candidats qui pesaient le plus lourd en termes de voix à l'élection, se sont en effet heurtés à l'inflexibilité de Tommasi, ancien joueur de la Roma et de la Nazionale, qui a refusé jusqu'au bout toute alliance. L'état du football d'élite italien est désormais inquiétant, comme le montre aussi l'incapacité des clubs de Serie A à s'accorder sur un nom pour la présidence de la Ligue et la difficulté à vendre les droits TV du championnat. Mancini ? Ranieri ? Ancelotti ? La Nazionale, elle, n'a donc toujours pas de sélectionneur depuis le départ obligé de Gian Piero Ventura. Dès l'élimination, les noms de Carlo Ancelotti, Antonio Conte, Claudio Ranieri ou Roberto Mancini ont circulé. Ce sont les mêmes que l'on entend aujourd'hui, mais le dossier a en réalité peu ou pas avancé. Ancelotti a dit non, comme Massimiliano Allegri, le coach de la Juventus. Ranieri s'est dit intéressé et Mancini a fait un appel du pied très net. Un signal est tout de même venu de l'annonce du budget de la fédération, avec une enveloppe très conséquente de cinq millions d'euros sur le deuxième semestre 2018 pour le sélectionneur, preuve que les dirigeants de la FIGC visent un grand nom. Il ne sera vraisemblablement pas connu au mois de mars, quand la Nazionale disputera ses premiers matches depuis le désastre de San Siro, amicaux face à l'Angleterre et à l'Argentine. L'intérim devrait être assuré par Luigi Di Biagio, l'entraîneur des Espoirs. Mais en septembre, pour les débuts de la Ligue des nations, l'Italie aura un sélectionneur. Normalement.