Désireux d'intégrer la sélection des Fennecs depuis deux ans, Mickael Fabre va enfin pouvoir concrétiser ce souhait à la faveur de la nouvelle législation de la FIFA. Champion du monde des U17 pour la France en 2001, aux côtés de Hassan Yebda ou de Mourad Meghni, le Franco-Algérien de Clermont Foot serait dans les papiers de Rabah Saâdane dans la perspective de la prochaine Coupe du monde. Entretien avec un joueur qui a croisé le fer, vendredi soir, face à Rafik Saïfi, lors du match de Ligue 2 Istres-Clermont. On parle de vous comme potentiellement sélectionnable pour l'Algérie. Pouvez-vous nous retracer votre parcours et votre lien avec ce pays ? Je suis actuellement le gardien de but de Clermont Foot en Ligue 2 française. J'ai commencé dans le Var, à Brignoles. Mon père est Algérien et ma mère Française. J'ai par conséquent la double nationalité. J'ai émis le souhait de jouer pour l'équipe nationale il y a deux ans, mais une loi interdisait aux joueurs de plus de 21 ans de changer de sélection. En juin dernier, la FIFA a changé la loi. J'ai deux amis, Hassan Yebda et Mourad Meghni, qui ont depuis rejoint les Fennecs. On en a parlé assez souvent et j'espère bientôt intégrer l'équipe nationale. Avez-vous suivi la dernière prestation de l'Algérie contre la Serbie ? Qu'en pensez-vous ? J'ai vu le match. Le score est sévère et c'est dommage pour les 100 000 personnes qui ont créé cette ferveur pendant la rencontre. Ce n'est pas l'idéal, mais il manquait quelques éléments importants. Le groupe a, par ailleurs, été perturbé dans sa préparation. Il ne faut pas tout jeter et il est nécessaire de continuer à bien travailler pour faire quelque chose en Coupe du monde. Rabah Saâdane a décidé d'écarter en grande partie des joueurs locaux, dont un gardien. Cela semble-t-il favorable à votre incorporation ? Le plus important est de croire à ce que l'on fait. Je serai très fier de représenter le pays. Depuis deux ans que je postule, c'est la première fois qu'on s'intéresse à moi. Il faut du temps pour que les gens en place prennent des décisions importantes. Avez-vous été en contact avec le staff de la fédération ? J'ai discuté avec des gens de la fédération ainsi qu'avec l'entraîneur des gardiens qui est venu lors du match contre Brest. Je l'ai eu au téléphone après la rencontre. Cela fait énormément plaisir. On n'en est qu'au début et il reste encore deux mois de compétition. A moi de faire une bonne fin de saison avec Clermont-Ferrand. On verra par la suite si j'ai la chance d'être appelé pour le Mondial. Pensez-vous pouvoir apporter un plus à cette équipe des Fennecs ? Je ne me permettrai pas de dire que je vais apporter un plus, car ce serait malvenu de ma part. D'après les échos que j'ai, l'équipe vit bien. C'est une bonne bande de copains qui se forme. C'est aux nouveaux de s'intégrer car il y a des personnes qui ont obtenu leur qualification. Il faut respecter cela. Si je suis appelé, j'essaierai d apporter le maximum, tout en me faisant petit. Il y a eu quelques remous autour de la venue de Lacen en décembre. Est-ce une source d'inquiétude pour vous si vous étiez appelé ? Non. Je sais pourquoi je le fais. Les gens se rendront compte de la manière dont je me comporte. Je comprends que certains se posent des questions. Je ferai tout pour leur montrer que je mérite cette place si je suis convoqué. Si vous n'étiez sélectionné que pour l'après-Coupe du monde, votre motivation serait-elle la même ? Bien sûr ! J'ai déjà dit bien avant les qualifications pour la CAN et la Coupe du monde, que j'avais émis le souhait d'être appelé. Le seul souci, c'est que j'ai passé trois ans en Italie et trois ans à Sedan. A l'époque, Mansour Boutabout et Nadir Belhadj m'avaient parlé de l'équipe nationale et m'avaient dit d'y aller. A Sedan, je ne jouais pas et donc je ne me voyais pas arriver en sélection sans être titulaire dans mon club. Cela aurait été prétentieux de ma part de jouer en équipe A tout en étant remplaçant en Ligue 2. Vous pensez être plus légitime aujourd'hui ? Je pense que j'ai le droit de revendiquer d'être suivi par le sélectionneur. Après, ce sont les hommes en place qui font les choix. Nous sommes des compétiteurs et on respecte cela. Cela vous dérangerait-il d'être remplaçant n°1 ou 2 en sélection ? Je ne revendique pas de place comme titulaire. Une équipe est en train de se créer. Il y a quelque chose de fort en place et il ne s'agit pas de tout déstabiliser. On imagine que cela représenterait une grande fierté pour votre père de vous voir porter le maillot de l'équipe d'Algérie... J'ai déjà un frère qui joue dans l'équipe nationale de rugby et il connaît mieux que moi le pays. Malheureusement, je n'ai pas eu la chance de le visiter. Ce serait une fierté pour mon père, ma mère et ma famille en général. C'est quelque chose d'énorme qui prend plus d'ampleur en Algérie qu'en France. Plus je grandis et plus j'ai envie de connaître cette famille du côté de mon père. C'est indépendant d'une éventuelle sélection chez les Fennecs.