L'audiovisuel mauritanien se libéralise. Personne ne s'y attendait, même pas les Mauritaniens eux-mêmes. Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, a annoncé mardi que le secteur de l'audiovisuel sera libéralisé « entre mai et juin ». « L'espace audiovisuel sera libéralisé entre mai et juin, vous devez pouvoir faire face à cette concurrence », a affirmé le président mauritanien au cours d'une visite inopinée à la télévision publique. Pour les médias mauritaniens, cette initiative est un grand pas en avant. « C'est une décision extrêmement importante qu'a pris notre Président. D'autant plus que dans le monde arabe, l'ouverture du champ audiovisuel est un sujet délicat », estime Sadek Beheit, journaliste au quotidien francophone Le Méhariste. L'optimisme affiché par Beheit n'est pas partagé par son confrère Kaissima Diagama, rédacteur en chef du quotidien La Tribune : « L'initiative du Président n'est pas une surprise, car le texte de loi était déjà sur le bureau de l'Assemblée depuis 2007. Ce projet de loi a été mis de côté à cause des derniers incidents consécutifs au coup d'Etat qu'a connu le pays en 2008. La chambre basse n'a fait qu'adopter la proposition de loi relative à la libération de l'audiovisuel. » Et d'ajouter : « Cette loi n'est pas encore effective tant que le Sénat ne l'a pas votée. » Avec deux chaînes de télévision publiques, dont une satellitaire, et deux petites télévisions privées autorisées à diffuser uniquement sur le net, la Mauritanie a exclusivement consacré ses ondes au secteur public. « Les chaînes privées qui verront le jour suite à la promulgation de ladite loi devraient être indépendantes et ne subir aucune pression du gouvernement. Car pour révolutionner l'audiovisuel dans le monde arabe, il faut le libéraliser au vrai sens du mot, même si la liberté d'expression demeure limitée », insiste Kaissima Diagama. Pour sa part, Sadek Beheit n'a pas omis de souhaiter voir l'Algérie permettre au secteur privé « d'intégrer le secteur de l'audiovisuel ». « Si l'Algérie arrive à s'ouvrir au secteur privé, ce sera un pas historique », a-t-il déclaré.