Face à la défection des pouvoirs publics, les villageois se mobilisent pour sauver leurs habitations. Des villages entiers sont menacés par les éboulements à l'est de la wilaya de Bouira. C'est le cas d'Illiten, qui relève de la commune de Saharidj, à 50 km au nord-est de Bouira, et de Selloum, dans la commune d'Aghbalou, à 60 km à l'est de la wilaya. Illiten, qui compte près de 1500 habitants, a connu ces derniers jours cinq dangereux éboulements, qui ont provoqué la panique chez les villageois. «Les intempéries ont causé d'énormes dégâts sur le principal tronçon routier menant à notre village. Plusieurs automobilistes sont bloqués à l'intérieur de la bourgade», dira Hamou, membre de la cellule de crise du village. Pour Hakim Mechou, adjoint du P/APC de Saharidj, la principale cause de ce phénomène, qui a pris de l'ampleur ces jours-ci, est l'infiltration d'eau à partir d'un bassin d'une ancienne station de production d'électricité et d'une conduite en béton de 2 km, qui achemine l'eau de la source (lainsar) Aberkane. «Ces ouvrages, qui surplombent Illiten, ont été érigés durant les années 1940 et n'ont jamais fait l'objet d'une rénovation ou d'entretien. L'énorme bassin fissuré est un réel danger pour le village, qui flotte sur des poches d'eau souterraines», a-t-il expliqué. En outre, l'école primaire d'Illiten, unique structure éducative dans la localité, a été fermée par les parent d'élèves. «Nous avons peur pour nos enfants. Nous ne voulons plus prendre le risque de les envoyer à l'école dans de telles conditions», ont indiqué des parents. Comme solution d'urgence, l'APC de Saharidj avait procédé, avec l'aide des habitants du village, à la déviation des canalisations des eaux pluviales et de celles de l'assainissement. «Nous avons avisé tous les responsables, que ce soit au niveau local ou à la wilaya, du danger qu'encourent notre village et ses habitants. Nous réclamons des pouvoirs publics de se pencher sérieusement sur ce problème et de dégager des solutions urgentes pour résoudre le problème des glissements», diront les membres de la cellule de crise du village. «Pour le moment, on nous a indiqué qu'un bureau d'études algéro-français a été désigné pour mener une étude du sol de la région», indique-t-on. Par ailleurs, c'est le même constat au village de Selloum. Le phénomène des glissements de terrains, qui date depuis des années n'est pas encore solutionné. Les dernières intempéries ont causé plusieurs affaissements sur la RN15. Le plus important est survenu au niveau de la sortie nord du village. Une partie de la chaussée a été emportée par un éboulement et des crues. Des citoyens ont procédé la semaine écoulée à la fermeture de ce tronçon qui relie les deux wilayas de Bouira et de Tizi Ouzou. «Nous l'avons fermé pour préserver la sécurité des milliers d'automobilistes qui empruntent cette route devenue dangereuse, surtout les camions de gros tonnage», diront des habitants de Selloum. Les glissements de terrain sont survenus aussi à l'intérieur du village et menacent d'emporter plusieurs maisons. «Il n'existe ni fossés, ni canaux d'évacuation des eaux pluviales, ni d'ouvrages de confortement du sol. Nous avons frappé à toutes les portes, fait plusieurs pétitions, mais aucun responsable à la direction ou à la subdivision des travaux publics ni à la daïra n'a pris ses responsabilités. Nous sommes livrés à nous-mêmes depuis des années», dénoncent les villageois. Fin janvier dernier, un arbre géant s'est écrasé sur le réfectoire de l'école primaire Chergui Ali. «Fort heureusement, la chute est survenue durant la nuit, sinon cela aurait pu tourner au drame», diront des parents d'élèves. Les villageois de Selloum n'ont pas cessé de réclamer des solutions au phénomène préoccupant des glissements de terrains. Les promesses faites par les pouvoirs publics ne se sont, à ce jour, pas concrétisées.