Le ministre palestinien de l'Economie, Mazen Senocrate, a annoncé, hier, lors d'une conférence de presse qu'il a animée au Centre international de presse (CIP) à Alger, que l'Algérie a exprimé sa disponibilité d'ouvrir son marché aux produits palestiniens, et ce, sans contraintes ni taxes douanières. Le ministre palestinien a précisé que l'Algérie a fait part de cet engagement par le biais de son ministre du Commerce, Noureddine Boukrouh, qui a participé au tout dernier Conseil de l'économie et social (CES) des pays arabes. Les recommandations palestiniennes à l'issue de ce conseil ont constitué l'essentiel de l'intervention de M. Mazen. Ainsi, le ministre indique que son pays appelle, à la faveur du sommet d'Alger, les chefs d'Etat arabes à réitérer leur soutien financier à la Palestine avec une implication soutenue du secteur public. Il s'agit, en second lieu, d'ouvrir les marchés arabes aux produits palestiniens avec des bonifications douanières. La Palestine sollicite, également, les participants au sommet d'Alger à s'impliquer dans la prise en charge des réfugiés palestiniens. Le ministre souligne, à ce propos, que pas moins de 60 000 habitations ont été détruites par l'occupant israélien, laissant des dizaines de milliers de familles palestiniennes sans toit, notamment dans la bande de Ghaza. Sur le même registre, M. Mazen avoue que l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis se sont engagés à contribuer au relogement de ces familles. Abordant le soutien arabe à la Palestine, le ministre annonce, non sans regret, que le fonds de soutien collecté est de l'ordre de 523 millions de dollars. Ainsi, M. Mazen relève que le sommet du Caire en 2000 a promis 800 millions de dollars au profit du fonds Al Aqsa, et le même montant pour le fonds Al Qods, alors que la fluidité des subventions reste, jusqu'à présent, timide. Le ministre déclare que les pays arabes sont désormais appelés à octroyer une somme de 55 millions de dollars chaque mois pour permettre au gouvernement palestinien de couvrir les charges salariales de ses travailleurs. Concernant les échanges économiques et commerciaux entre la Palestine et le reste des pays arabes, M. Mazen précise que les restrictions imposées par Israël sur les espaces terrestres et aériens de la Palestine rendent difficile l'élaboration d'un état des lieux fiable. Cependant, il annonce que les importations palestiniennes des pays arabes sont estimées à 120 millions de dollars, alors que le volume des exportations ne dépasse pas 30 millions de dollars. La Jordanie, l'Egypte et le Qatar sont les moins récalcitrants avec la Palestine en matière d'échanges économiques, viennent ensuite le Maroc et la Tunisie. « La Palestine a mis en place une équipe jeune et compétente afin de hisser ses relations économiques avec ses frères arabes », a souligné le ministre en indiquant que des facilités sont envisagées pour les investisseurs arabes. Abordant les relations tendues entre son pays et Israël, M. Mazen a déclaré que la décision israélienne de licencier les travailleurs palestiniens dans ses territoires a mis 150 000 travailleurs au chômage. Le défi, explique le ministre, est de créer 20 000 postes d'emploi par an, en signalant que le secteur public a montré ses limites. Le ministre appelle la communauté internationale à exercer des pressions sur Israël pour lever ces contraintes. Selon M. Mazen, les dégâts engendrés par Israël en Palestine, durant les quatre dernières années, s'élèvent à 10 milliards de dollars. Une situation qui s'est sensiblement répercutée sur les paramètres sociaux des Palestiniens dont un tiers végète dans la pauvreté. Le PIB, qui était de 6 milliards de dollars en 1999, s'est étiolé à 3,4 milliards de dollars en 2004. Les expertises de la Banque mondiale ont conclu que le revenu d'un Palestinien par jour ne dépasse pas les 2 dollars. Plus grave encore, 5 millions de Palestiniens sont contraints de vivre à l'étranger. Cependant, le climat de détente qui s'est installé récemment entre Palestiniens et Israéliens donne raison à tout espoir. A Ghaza par exemple, 220 000 ateliers industriels seront lancés et un complexe de ciment sera réalisé à Al Khalil avec une somme de 150 millions de dollars.