Abou Mazen a quasiment été plébiscité par le peuple palestinien qui reconnaît en lui le digne successeur de Yasser Arafat. La présidentielle palestinienne a été, comme prévu, une simple formalité pour le secrétaire général du comité exécutif de l'OLP, Mahmoud Abbas, alias Abou Mazen. De fait, le peuple palestinien qui vit sous l'occupation israélienne, a donné au monde entier, dans les conditions de vie difficiles qui sont les siennes, une preuve de maturité et de responsabilité. Il n'y a pas eu le chaos prophétisé, les électeurs, en dépit des entraves de l'armée israélienne le jour du scrutin, ont voté massivement donnant crédit et garantie à une élection qui consacre un militant de la première heure de la cause palestinienne. Au même titre que le défunt président, Yasser Arafat, Mahmoud Abbas a eu droit à la même considération de la part du peuple palestinien qui voit en lui le digne successeur et continuateur de l'oeuvre libératrice d'Abou Ammar. De fait, les observateurs internationaux présents dans les territoires palestiniens occupés témoignent tous de la parfaite organisation du scrutin et de la liberté totale dont ont bénéficié les sept candidats à la présidentielle. De fait, il faut noter que ce sont les Israéliens qui ont, les premiers, félicité Mahmoud Abbas pour son accession à la tête de la présidence de l'Autorité palestinienne, reconnaissant au passage le caractère «démocratique» du scrutin. Ainsi, dans son message au nouveau président palestinien, le Premier ministre israélien Ariel Sharon félicite M.Abbas pour «sa victoire obtenue démocratiquement» et exprime l'espoir «d'une amélioration rapide des relations israélo-palestiniennes» selon un haut responsable israélien. De son côté, le dirigeant du parti travailliste israélien, Shimon Peres, dont la formation va entrer dans un gouvernement de coalition avec le Likoud de Sharon, estime pour sa part qu'«un nouveau processus va commencer. Un important changement est intervenu et j'espère que la nouvelle direction palestinienne est le reflet d'un changement dans la rue palestinienne». ajoutant toutefois: «M. Abbas sera un partenaire intransigeant, mais c'est un homme sage, expérimenté et modéré (...) Il a été choisi à l'écrasante majorité des Palestiniens, et nous devons lui donner la possibilité de réussir». Tant il est vrai que la balle reste dans le camp israélien qui a tous les atouts en main et peut influer dans un sens (positif) comme dans un sens négatif en poursuivant l'occupation et le harcèlement des militants palestiniens. Le président américain, George W. Bush, qui ignorait le défunt président Arafat tout au long de son premier mandat, a affirmé qu'«il s'agit d'une journée historique pour le peuple palestinien et pour les peuples du Proche-Orient» disant sa disponibilité à «travailler» avec le président palestinien élu. Plus pratique, l'ancien Premier ministre français, Michel Rocard, qui a mené la délégation des observateurs de l'Union européenne en Cisjordanie et à Gaza, a déclaré à Radio France internationale, que «le gouvernement israélien ne pourra pas nier éternellement» cette «respectabilité» que Sharon a déniée à Yasser Arafat, indiquant par ailleurs: «Mahmoud Abbas a la responsabilité des premiers pas dans la gestion interne de l'Autorité palestinienne et la reprise en main des services (...) En matière de négociation internationale, le premier pas appartient à Israël». M.Rocard qui a estimé qu'Abou Mazen est «un homme expérimenté, sérieux, mesuré, pondéré» relève aussi le fait que le nouveau président de l'Autorité palestinienne était «le seul dirigeant palestinien à faire clairement l'analyse que le terrorisme pénalise plus le peuple de Palestine que tout autre». De fait Mahmoud Abbas a fait toute sa campagne électorale sur la nécessité de mettre un terme à l'Intifada armée. En le portant à la présidence de l'Autorité palestinienne par un raz-de-marée plébiscitaire, le peuple palestinien montre qu'il est sur la même longueur d'onde que son nouveau président. Celui-ci, qui a la triomphe modeste, a déclaré, conscient de la tâche qui l'attend après qu'il s'est confirmé que sa victoire ne faisait aucun doute, «Des tâches difficiles nous attendent : bâtir un Etat de droit et de sécurité où les citoyens jouissent d'une vie digne, assurer la liberté de nos prisonniers, la dignité des personnes recherchées (par Israël) et créer un Etat indépendant avec Jérusalem comme capitale». De fait, le vote des Palestiniens à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, sous la supervision de la communauté internationale et sous l'oeil (vigilant) des forces armées d'occupation israéliennes, a déterminé les frontières des territoires palestiniens sous occupation étrangère. Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est constituent les trois entités territoriales palestiniennes d'où Israël doit se retirer, c'est en fait le premier enseignement à tirer du scrutin du 9 janvier, fortement médiatisé au niveau international outre le parfait déroulement de l'élection du président de l'Autorité palestinienne dans l'ordre et le calme. Dès hier, le président palestinien élu, Mahmoud Abbas, a reçu le Premier ministre Ahmed Qorei, sans doute pour lui demander de former un nouveau gouvernement. En effet, il est urgent pour les Palestiniens de se remettre au travail. Commentant la victoire d'Abou Mazen, M Qorei indiqua devant la presse y avoir vu «un triomphe pour notre peuple qui a choisi la voie de la paix, de la démocratie et de l'unité nationale».